La mission « médecine de proximité » à Marseille

Hubert s’inquiète pour le court terme

Publié le 10/06/2010
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DE NOTRE CORRESPONDANTE

CHARGÉE par Nicolas Sarkozy d’une mission sur la médecine de proximité, Élisabeth Hubert poursuit ses consultations sur le terrain. Après Chartres et Amiens, l’ancien ministre s’est rendue en PACA. Au programme : une visite de la maison médicale d’Avignon suivie d’une réunion avec divers professionnels de santé. Histoire, a-t-elle précisé à son auditoire, d’« aller au-delà du diagnostic qui est déjà largement posé par diverses enquêtes » et d’« entendre aussi des propositions concrètes ». « Car le but de cette concertation est bien de faire émerger des propositions moins conceptuelles », insiste l’ancienne ministre de la Santé. Son tour de France n’est pas encore terminé mais le constat est partagé par tous. « On ne peut pas dire que le moral du monde de la santé soit au beau fixe. Il y a beaucoup d’interrogations sur l’avenir, que l’on soit âgé de plus de 50 ans ou jeune médecin. La situation est inquiétante », explique-t-elle.

« Ceux qui partent à la retraite se voient dévisser leur plaque sans être remplacés et ils arrêtent parfois avant l’âge légal de la retraite. Rien n’est fait pour donner de l’appétit pour la médecine générale. Plus inquiétant, ces médecins se sentent méprisés. C’est un problème de considération sociétale. Le traumatisme de la vaccination antigrippale n’est toujours pas passé. » Le tableau que dessine Élisabeth Hubert peut rapidement prendre des allures de catastrophe : « Je vois des endroits où ce ne sont pas simplement des communes de 500 habitants qui n’ont plus de médecins, mais des territoires de milliers d’habitants qui, à très brève échéance, vont être dépourvus d’offre de santé de proximité, à tout le moins de médecins, avec un effet d’accélération, les départs suscitant les départs. » Résultat, « le plancher d’offre médicale qu’on imaginait atteindre vers 2018-2020 – en se disant que d’ici là on trouverait des mesures permettant de compenser – » va se présenter plus tôt que prévu : « Je pense qu’on n’aura pas le temps de prendre les mesures et que ça va se passer avant », pronostique Élisabeth Hubert.

Formation et rémunération dans le viseur.

Le rapport que l’ancienne ministre remettra début octobre « pour ne pas se télescoper avec les élections professionnelles » tiendra compte de toutes ces observations ; il proposera quelques réformes structurelles, autour de la formation et de la rémunération. « Aujourd’hui on est beaucoup dans l’hyperspécialisation mais il faut revenir à un modèle identitaire du généraliste plus valorisant. Ceux qui enseignent doivent montrer une image variée de la médecine, en adéquation avec la réalité des besoins médicaux. »

Mais avant de mettre en route ces réformes, il faudra trouver le moyen d’enrayer le déclin démographique de la profession et s’atteler aux problèmes, différents selon les territoires, que ce mouvement entraîne. « Il faudra très certainement des mesures temporaires incitatives pour essayer de pallier les difficultés que l’on connaît. Il y a un moment où, de façon très évidente, la population ne sera pas encore prête à se déplacer de façon très éloignée pour aller rechercher un médecin. Un moment où elle ne sera pas non plus encore habituée à la télémédecine. Il faudra bien trouver le moyen d’attirer, ou temporairement ou définitivement, des médecins dans certains endroits ». Prochaine étape de la mission Hubert : Nord-Pas-de-Calais.

 HÉLÈNE FOXONET

Source : Le Quotidien du Médecin: 8788