La téléconsultation remboursée fête ses deux ans et s'inscrit dans la pratique quotidienne des médecins

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Publié le 15/09/2020
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Crédit photo : S.Toubon

Ce n'était pas gagné et pourtant… La téléconsultation s'est inscrite dans la durée. Remboursée par la CNAM depuis le 15 septembre 2018, cette nouvelle pratique, restée confidentielle jusqu'au confinement, est passée de 10 000 actes par semaine début mars à plus d'un million début avril. 

Aujourd'hui le nombre de téléconsultations se stabilise autour de 150 000 actes par semaine, selon les derniers chiffres de l'assurance-maladie, et a trouvé ses adeptes à la faveur de la crise sanitaire : 36 000 médecins conquis en mars et jusqu'à 56 000 en avril. 

Les médecins généralistes grands utilisateurs

Cet anniversaire est aussi l'heure pour les opérateurs de tirer des enseignements de la crise. Chez Doctolib, 4,5 millions de téléconsultations ont été réalisées au cours des 6 derniers mois. Les médecins généralistes représentent 69 % des utilisateurs de la consultation vidéo, suivis des psychiatres (7,5 %), des gynécologues (4 %) et des pédiatres (3,3 %). L'entreprise note une nouvelle accélération du nombre d'actes depuis 10 jours avec « une hausse de 55 % du nombre de consultations vidéos par rapport à la fin août », soit 17 400 actes réalisés par jour, qu'elle met sur le compte du rebond de l'épidémie.

Autre acteur de la téléconsultation, Qare enregistre depuis juin une hausse de 15 % du nombre de téléconsultations par semaine (après une forte augmentation liée au confinement de 120 % chaque semaine). Interrogée sur son activité, la société n'a pas souhaité communiquer au « Quotidien » ses chiffres mais a en revanche précisée que 70 % des actes sont effectués par des généralistes et 30 % par des spécialistes : dermatologues, pédiatres, psychiatres et gynécologues.

Enfin chez Medaviz, autre acteur du secteur, le nombre de téléconsultations s'élève à 250 000 actes depuis 2014 « avec une majorité réalisée cette année dans le cadre du Covid-19 », précise au « Quotidien » Stéphanie Hervier, cofondatrice et DG de la société. 9 000 médecins utilisent l'outil, principalement des généralistes, des psychiatres et des chirurgiens pour des consultations pré-anesthésiques et post-opératoires (partenariat avec Ramsay). En revanche, Medaviz a aussi orienté son offre pour équiper les praticiens des communautés professionnels territoriales de santé (CPTS) d'un outil pour effectuer des téléconsultations dans le cadre de la permanence des soins.

Vers de nouvelles règles ?

L'accélération de l'usage de la téléconsultation est aussi le fruit d'un assouplissement voulu par Olivier Véran au tout début du confinement. Le ministre de la Santé a levé l'obligation d'avoir vu le patient au cours des 12 derniers mois et autorisé les téléconsultations par téléphone (autorisation supprimée depuis le 10 juillet) et leurs prises en charge à 100 % par l'assurance-maladie.

Face à l'impact de cette activité dans la pratique, le sujet sera de nouveau abordé dans les négociations conventionnelles des libéraux qui démarrent le jeudi 17 septembre. Olivier Véran a indiqué dans sa lettre de cadrage que des « assouplissements » à l'avenant 8 de la convention médicale, seront discutés, « par exemple, en ce qui concerne la règle relative à l'obligation de consultation présentielle dans les 12 mois précédents ou en ce qui concerne la possibilité d'accéder, lorsque le besoin est légitime, à des téléconsultations par le recours à des praticiens "hors territoire" ». Dans une interview accordée au « Quotidien », le ministre a ajouté que les partenaires sociaux devront « sortir des carcans dès lors que cela ne remet pas en cause la qualité des pratiques ».

De nombreuses plateformes de téléconsultations dont le cœur de métier est de proposer des téléconsultations aux patients sans médecin traitant et sans limite géographique cherchent toujours une place dans le parcours de soins.


Source : lequotidiendumedecin.fr