Des confidences, pas d'annonce avant la reprise des négos

Le patron de la CNAM se pose en rassembleur devant les médecins des maisons de santé

Publié le 14/03/2016
Article réservé aux abonnés

Forte de la montée en puissance du nombre de maisons de santé, – plus de 750 sont aujourd'hui ouvertes en France – la Fédération a accueilli environ 700 professionnels de santé aux 5es journées de la FFMPS à Nancy.

« Dans certains départements, un tiers des professionnels de santé travaillent déjà en exercice coordonné », a affirmé le président de la FFMPS, le Dr Pierre de Haas.

Nicolas Revel, directeur de l'assurance-maladie, a exprimé la «

 

conviction » que « l'exercice regroupé, coordonné ou pluriel est certainement le mode d'organisation le plus pertinent pour l'attractivité du métier, tout en permettant l'accentuation du virage ambulatoire ». Mieux, selon lui, ce mouvement est soutenu par les médecins de demain. « 80 % des jeunes générations libérales exercent dans un cadre coordonné », a-t-il affirmé.

Le patron de la CNAM a tenté de rassurer certains professionnels inquiets. À l'entendre, le règlement arbitral, qui régit les nouveaux modes de rémunération après l'échec des négociations sur ce sujet, n'est pas à prendre au pied de la lettre. « Les caisses primaires ont dû s'approprier ce nouveau dispositif, continue-t-il, elles tentent de le faire avec pragmatisme ». Nicolas Revel l'assure, les CPAM interprètent avec souplesse ce règlement qui exige notamment que tous les médecins de la MSP adhèrent à la SISA (société interprofessionnelle de soins ambulatoires). Dans la pratique, cet item ne serait plus vraiment obligatoire. Même chose pour le système d'information qui doit théoriquement relier tous les professionnels de santé dans une MSP. Les CPAM sont invitées à laisser un peu de temps à la structure pour finaliser ces connexions informatiques, sans que cela ne remette en cause le versement des rémunérations.

Ces rémunérations ne sont d'ailleurs manifestement pas encore bien comprises ni intégrées par tous les professionnels de santé travaillant en MSP, comme l'a illustré un atelier. D'aucuns le trouvent bien rigide. Un praticien s'est ainsi plaint du cahier des charges qui impose des horaires d'ouverture de 8 heures à 20 heures : « On a à peine ouvert la MSP qu'on est déjà dans la contrainte », a-t-il remarqué.

La coordination encouragée

D'une prudence de Sioux, Nicolas Revel n'a pas défloré la moindre proposition qu'il fera aux syndicats de médecins libéraux lors des négociations qui reprennent ce 16 mars. Il a cependant donné une piste susceptible d'être accueillie favorablement par son auditoire. « Il faut donner du sens aux éléments de rémunération propres à favoriser la coordination », a-t-il lâché, sibyllin.

Le patron de la CNAM s'est présenté sous le jour d'un patron de l'assurance-maladie « aux côtés des professionnels de santé, pour essayer d'améliorer leurs conditions d'exercice » . La salle ne dit mot et Nicolas Revel insiste : « ça n'est pas forcément votre ressenti, mais ce sont mes orientations ».

Nicolas Revel a pris deux exemples. Tout d'abord, la réforme du système d'admission en ALD, désormais « quasi-automatique », et la mise en place par les régimes obligatoires de la garantie de paiement dans le cadre du tiers payant. « C'est du bla-bla », lui a envoyé un médecin de l'assistance. « Ce n'est pas du bla-bla, nous essayons de vous accompagner », lui a répondu du tac au tac Nicolas Revel.

Henri de Saint Roman

Source : Le Quotidien du médecin: 9479