Les ophtalmos (SNOF) s’insurgent contre la fin de l’obligation de prescription pour les lunettes

Publié le 16/04/2015

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Le Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF) ne décolère pas après l’adoption par le Sénat d’un article de la loi Macron supprimant l’obligation d’ordonnance pour les lunettes. Plus précisément, l’article (11 quater C) voté par la Haute assemblée supprime un alinéa du code de la santé publique qui prévoyait que la délivrance de verres correcteurs est subordonnée dans tous les cas à l’existence d’une prescription médicale en cours de validité.

Cette obligation d’ordonnance (qui existait déjà de longue date pour les patients de moins de 16 ans) avait été étendue à toute la population dans le cadre de la loi (Hamon) sur la consommation de 2014.

Catastrophe

Pour le Dr Thierry Bour, président du SNOF, « la suppression du passage par l’ophtalmologiste est une catastrophe pour la prévention oculaire, en particulier chez les enfants. C’est la victoire du marché sur la santé ».

Lors de la discussion au Sénat, la sénatrice UMP des Alpes-Maritimes, Dominique Estrosi-Sassone, qui défendait cet article, a assuré au contraire qu’il s’agissait simplement de lever une norme ambiguë (l’obligation absolue de prescription pour tous et en toutes circonstances) risquant d’entraîner des effets économiques restrictifs (touristes ayant besoin d’une paire de lunettes par exemple), pour revenir à la situation qui précédait la loi Hamon. « Depuis plusieurs dizaines d’années, la quasi-totalité des achats de lunettes par nos concitoyens sont précédés d’une visite chez l’ophtalmologue, car, depuis 1945, la prescription médicale est nécessaire pour déclencher le remboursement », a-t-elle temporisé.

Sénateurs inconséquents ?

Le SNOF se montre beaucoup plus alarmiste. « Les sénateurs ont non seulement annulé le progrès apporté récemment par la loi Hamon, mais ils ont ouvert la voie, pour les opticiens, à la prescription-vente de lunettes à des enfants de moins de 16 ans sans que ces derniers n’aient jamais vu de médecin, analyse le Dr Thierry Bour. Ce faisant, ils remettent en question une politique de santé publique fondée, depuis des dizaines d’années, sur le dépistage et la prévention sanitaire des affections oculaires, en particulier auprès des plus jeunes ». Et de dénoncer l’inconséquence des sénateurs face aux menaces sur la santé publique de cette « démédicalisation de la filière visuelle ».

Dans un tiers des cas, souligne le SNOF, les ophtalmos détectent d’autres pathologies, parfois graves lors de l’examen des patients venus pour un renouvellement d’ordonnance de lunettes.

Le SNOF appelle les parlementaires réunis en commission mixte paritaire à supprimer cette modification pour rétablir l’obligation d’ordonnance pour tous.

Cyrille Dupuis

Source : lequotidiendumedecin.fr