Comment un enfant qui a traversé la Shoah peut-il ne pas transmettre à sa famille l’horreur de cette expérience ? C’est la question que pose Boris Cyrulnik à propos de son histoire personnelle et de celle du Dr Jean-Raphaël Hirsch, résistant devenu chirurgien et fils d’un médecin déporté à Auschwitz*. Tous deux, comme Henri Borlant, sont d’abord restés silencieux auprès de leurs proches au sujet de leurs souvenirs.
« C’est la représentation de notre passé qui a fini par composer pour nous un précieux facteur de résilience, analyse le Dr Cyrulnik. Mais l’image de ce que nous avions subi a été difficile à partager, puisque le silence était la règle imposée : la France est à reconstruire, nous répétait-on. On ne parle pas de ces choses-là. »
« C’est vrai, confirme le Dr Borlant, raconter sa déportation a été longtemps insupportable aux autres et, pour commencer à ma propre famille. J’avais tenté d’en parler un jour à l’une de mes sœurs, mais le choc fut tel qu’elle est tombée en syncope. Pendant des années, j’ai donc préféré ne plus évoquer le sujet, c’était une manière de protéger mes proches contre la barbarie. Ils ne m’interrogeaient pas, craignant de me faire souffrir, mais ils se protégeaient aussi de leur propre souffrance. »
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