Nasopharynx : un nouvel anti-PD1 porteur d’espoir

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Publié le 16/07/2021
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L'association d’une immunothérapie à la chimiothérapie, dans le cancer du cavum (nasopharynx) métastatique, retarde significativement la progression de la maladie. Dans cette pathologie face à laquelle on restait démuni, le résultat prometteur obtenu avec ce nouvel anti-PD1 pourrait modifier la prise en charge.
Rare dans les pays occidentaux, le cancer du cavum est plus fréquent en Asie du sud-est

Rare dans les pays occidentaux, le cancer du cavum est plus fréquent en Asie du sud-est
Crédit photo : phanie

Le cancer du cavum (CC) est rare dans les pays occidentaux mais plus fréquent en Asie du sud-est. Sa prise en charge est difficile, car il est généralement diagnostiqué à un stade avancé et les options thérapeutiques sont extrêmement limitées. La chimiothérapie par gemcitabine-cisplatine est actuellement le traitement de référence en première ligne dans les CC localement avancés, récidivants ou métastatiques (r/m), mais la durée de la réponse est en moyenne inférieure à six mois.

Le toripalimab à l'essai

L’étude JUPITER-02 (1) est l'une des premières études à évaluer un inhibiteur de PD1, le toripalimab, en association à la chimiothérapie dans le CC métastatique. Ce nouvel inhibiteur du check-point immunitaire est un anticorps monoclonal IgG4K humanisé spécifique de la PD1, développé en Chine. Il avait fait ses preuves en monothérapie en seconde ligne de traitement du CC r/m (étude POLARIS-02).

JUPITER-02 est une étude internationale de phase 3 contrôlée, versus placebo, et en double aveugle. Elle a randomisé 289 patients avec un CC avancé n’ayant pas reçu de chimiothérapie préalable au stade de récidive ou de métastase, pour recevoir soit le toripalimab (n = 146), soit un placebo (n = 143) en association avec le protocole gemcitabine-cisplatine pendant six cycles, suivis en monothérapie par le toripalimab ou le placebo jusqu'à la progression de la maladie, un arrêt thérapeutique pour évènements indésirable grave ou après deux ans de traitement.

Lors de l’analyse intermédiaire prédéfinie après 130 évènements (progression de la maladie), le suivi médian était de 39 semaines dans le bras toripalimab et de 36 semaines dans le groupe placebo.

Une amélioration de 48 % de la survie sans progression

Le critère principal était nettement en faveur du toripalimab (HR = 0,52, p = 0,0003), avec une survie sans progression (SSP) médiane de 11,7 mois versus 8 mois. À un an, les taux de SSP étaient respectivement de 49 % et 28 %. Ce bénéfice sur la SSP a été observé dans tous les sous-groupes, y compris dans ceux définis par leur statut PD-L1.

Parmi les critères secondaires, le taux de réponse globale était de 77,4 % versus 66,4 % (p = 0,033) et la durée médiane de la réponse de 10 mois versus 5,7 mois (HR = 0,50).

Lors de cette analyse au 15 janvier 2021, le recul était trop court pour évaluer la survie globale, même si celle-ci montre une tendance favorable avec 25 décès sous toripalimab versus 35 avec le placebo (HR = 0,68, p = 0,14). Le pourcentage d’effets indésirables de grade 3 ou mortels étaient similaires dans les deux groupes, avec de façon logique un plus grand nombre d’évènements d’origine immunitaire sous toripalimab (39,7 % vs 18,9 %).

L’adjonction du toripalimab à la chimiothérapie en traitement de première ligne des cancers du cavum localement avancés, récidivants ou métastatiques, marque un progrès très significatif dans cette pathologie et pourrait devenir la référence pour la prise en charge de ces patients.

On attend les données du suivi pour la survie globale et les critères secondaires, l’analyse finale est prévue après 200 événements de la SSP.

(1) Xu R et al. Abstract LBA2

Dr Maia Bovard Gouffrant

Source : Le Quotidien du médecin