Traitement de référence de l'urticaire et utilisés dans de nombreuses dermatoses prurigineuses et diverses manifestations allergiques, les antihistaminiques H1 par voie générale peuvent entraîner des effets secondaires cutanés. Des publications rapportent des cas d'anaphylaxie, d'exanthème maculopapuleux, d'eczéma de contact systémique ou encore d'érythème pigmenté fixe, mais ces effets restent peu connus. Ceci a conduit l'équipe de l'hôpital Tenon à analyser, de façon rétrospective, tous les patients explorés dans le service pour une suspicion d'allergie aux anti-H1, en complément d'une analyse de la littérature. Sur la période de 2001 à 2007, 18 patients ayant présenté une poussée ou une exacerbation d'urticaire sous anti-H1 (13 cas) ou des manifestations évocatrices d'une hypersensibilité ont été suivis dans le service. L'analyse de la littérature a par ailleurs permis de retrouver 138 cas de manifestations allergiques aux anti-H1, dont 42 réactions urticariennes. Le test de provocation par voie orale a été positif chez 36 (6 + 30) de ces 55 patients (13 + 42). L'urticaire, superficielle dans tous les cas, était associée à un angio-œdème dans 12 % des cas.
Près d'un sujet sur deux était un urticarien connu (49 %), 47 % étaient atopiques et 17 % allergiques aux anti-inflammatoires non stéroïdiens. Les anti-H1 ont été responsables de l'apparition d'une urticaire dans 47 % des cas, d'une exacerbation dans 56 % des cas et de sa persistance chez un patient sur dix. Trois patients ont présenté une réaction anaphylactique de grade ≥ 2.
Comme l'a souligné la Dr Flore Kurihara, cette entité particulière nommée urticaire paradoxale reste de physiopathologie mal comprise et ne doit pas être confondue avec une urticaire résistante aux anti-H1. Le diagnostic doit être évoqué en cas de survenue d'au moins deux épisodes distincts d'urticaire superficielle et/ou profonde sans signe systémique, apparaissant dans les minutes et jusqu'à 4 jours après l'administration d'un anti-H1 par voie générale, ou bien en cas d'urticaires superficielles et/ou profondes aiguës ou chroniques régressant en 15 jours après l'arrêt des anti-H1, avec un TPO positif avec l'anti-H1 incriminé reproduisant la même réaction urticarienne.
Si les urticaires paradoxales représentent la manifestation cutanée la plus fréquente après prise d'anti-H1, elle n'est pas la seule. L'érythème pigmenté fixe est la deuxième toxidermie en fréquence : 39 cas ont été colligés dans ce travail. La lésion était unique dans 23 % des cas et multiples chez 62 % des patients. Les lésions étaient bulleuses dans 13 % des cas, atteignant les muqueuses chez un patient sur trois. Les trois-quarts des patch-tests étaient positifs en peau lésée.
Communications des Drs Flore Kurihara, Agathe Bozon, hôpital Tenon (Paris) et Bethsabée Garel, hôpital Henri-Mondor (Créteil)
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