Escarres : l’examen clinique quotidien, prévention n°1

Publié le 14/02/2013
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Crédit photo : Pr Luc Téot

LES ESCARRES touchent essentiellement les personnes âgées (prévalence globale de 10 % en milieu hospitalier et de 25 à 30 % en gériatrie) mais également les malades paraplégiques et tétraplégiques, enfin les patients hospitalisés en réanimation, chez lesquels les escarres peuvent avoir des conséquences fatales. Elles siègent sur les zones où la peau est au contact direct de l’os, le sacrum, les talons, les ischions, les trochanters, les coudes, l’occiput chez le nouveau-né, et évoluent en plusieurs stades depuis la simple rougeur de la peau jusqu’aux vastes pertes de substances exposant l’os.

La sensibilisation et la formation des aides soignants et des infirmiers conjuguées aux progrès techniques ont permis d’améliorer la prévention et la prise en charge des escarres chez les personnes âgées et chez les malades de réanimation. En revanche ce problème reste très critique, remarque le Pr Luc Téot, chez les paraplégiques qui sont souvent peu compliants aux mesures de prévention.

• Massages sans pétrissage, changements de position.

L’examen clique des zones à risque au moins une fois par jour est la première prévention des escarres chez les personnes immobilisées. Lorsque le risque d’escarre est relativement faible, des massages répétés, doux (pas de pétrissage) avec des huiles, associés aux changements de position, constituent une prévention efficace.

• Surmatelas, matelas spécial.

À un degré de risque supplémentaire, on équipera le lit du malade d’un surmatelas ou d’un matelas spécial dont il existe une large gamme : matelas en mousse, matelas à air, à eau, matelas à mémoire de forme, surmatelas mécanisé avec injection d’air…, jusqu’au lit à air fait de parachutes gonflables accrochés à un cadre métallique. Certains de ces systèmes, comme les matelas en mousse dits gaufriers, les matelas à mémoire de forme et les surmatelas mécanisés à perte d’air, peuvent être installés au domicile du patient avec une prise en charge par l’Assurance-maladie.

• Correction des troubles

Le traitement des escarres réside avant tout dans la suppression de l’appui sur les zones fragiles et la correction des troubles métaboliques, nutritionnels, infectieux… pour permettre au malade de retrouver rapidement une certaine autonomie.

• Pansements

Le traitement symptomatique repose sur des pansements dont l’indication est fonction de l’importance des lésions. Les escarres superficielles sont traitées par des pansements hydrocolloïdes, hydrocellulaires ou alginates. Les lésions plus profondes sont l’indication de pansements à l’argent (qui pourraient toutefois faire l’objet un déremboursement dans les mois à venir). Les escarres compliquées relèvent d’une prise en charge chirurgicale avec greffe de peau, chirurgie de lambeau, ou traitement par pression négative (un pansement en mousse placé dans la plaie est raccordé à une source de dépression et à un système de recueil des exsudats).

• Avis d’expert à distance

La prise en charge des escarres à domicile bénéficie également aujourd’hui des techniques de télétransmission qui permettent de disposer d’un avis d’expert, infirmier ou médecin, sans que le malade ait à se déplacer. Un projet « télémédecine et peau » a ainsi été mis en place il y a un an en région Languedoc-Roussillon.

D’après un entretien avec le Pr Luc Téot (CHU de Montpellier).

 Dr HÉLÈNE COLLIGNON

Source : Le Quotidien du Médecin: 9218