Thérapie par pression négative

L’arrivée des instillations

Publié le 11/02/2013
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Crédit photo : BSIP

LA THÉRAPIE par pression négative (TPN) consiste à placer la surface d’une plaie sous une pression inférieure à la pression atmosphérique ambiante, dans le but de favoriser la cicatrisation notamment en éliminant les exsudats et en facilitant la formation d’un tissu de granulation. « Parmi les quelque 120 articles consacrés à cette thématique publiés au cours de l’année 2012, le travail de Christopher Attinger a évalué son intérêt dans les plaies fermées à risque d’ouverture », a expliqué le Dr Luc Téot. Cette étude, prospective randomisée versus pansements standards menée chez 81 patients avec des comorbidités, n’a pas montré de différence significative en termes d’infection postopératoire et de déhiscence entre les 2 groupes, après un suivi moyen de 113 jours(1).

À l’inverse, D. Vargo, dans une étude rétrospective sur 30 patients, conclut à l’efficacité de la TPN utilisée pendant 5 à 6 jours, avec un taux d’infection 3 %, soit significativement inférieur à celui habituellement observé (20 %, p‹0,05) (2).

Une revue Cochrane de 5 essais totalisant 280 patients (3) montre, dans un essai sur 87 patients, qu’un système de pression négative développé à l’hôpital est aussi efficace qu’un système commercialisé, pour un coût moyen nettement plus faible.

Intéressant sur le plan conceptuel, le travail de Lancerotto (4) souligne que la microdéformation des surfaces de la plaie est l’élément essentiel de l’efficacité de la TPN.

Une des nouveautés est l’association TPN et irrigation ou instillation, qui consiste à mettre en contact une partie malade en contact prolongé avec un liquide. « L’utilisation de l’irrigation et de la TPN en alternance est séduisante sur le plan théorique, mais en pratique, nous manquons encore de preuves », a insisté le Dr Téot. Au CHU de Montpellier, 20 patients ont été évalués, après une durée moyenne de 2 semaines de VAC Ulta (système de TPN permettant des irrigations) et le recours essentiellement à du sérum physiologique. Dans onze cas, le traitement antérieur par VAC avait échoué.

« L’évolution a été favorable dans la majorité des cas et, compte tenu de l’impact économique, il paraît aujourd’hui important de cibler les indications : comorbidités sévères, échec de VAC standard, profil de non-cicatrisation (sauvetage des membres par exemple) », a conclu le Dr Téot.

Séance plénière. « Quoi de neuf en plaie et cicatrisation en 2013 ? ». D’après la communication du Dr Luc Téot, hôpital Lapeyronie, Montpellier.

(1)Attinger C et coll. Negative pressure wound therapy for at-risk surgical closures in patients with multiple comorbidities: a prospective randomized controlled study. Ann Surg. 2012 Jun;255(6):1043-7.

(2) Vargo D. Negative pressure wound therapy in the prevention of wound infection in high risk abdominal wound closures. Am J J Surg. 2012 Dec;204(6):1021-4.

(3) Webster J et coll. Negative pressure wound therapy for skin grafts and surgical wounds healing by primary intention. DOI: 10.1002/14651858.CD009261.pub2.

(4) Lancerotto L et coll. Mechanisms of action of microdeformational wound therapy. Semin Cell Dev Biol. 2012 Dec;23(9):987-92.

 Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du Médecin: 9217