• Melasma
Premier risque, parce que le plus fréquent, celui d’une pigmentation inappropriée, d’un melasma (le masque de grossesse), liée à une stimulation des mélanocytes par les hormones de la grossesse, qui survient en particulier sur les phototypes 4 et au-delà. Il régresse au décours, mais pas toujours complètement, et réapparaît à chaque nouvelle grossesse.
Pour le prévenir, un écran solaire dont le facteur de photoprotection est de 50+ contre les UVB (SPF) et efficace aussi contre les UVA ; pour l’atténuer, « on peut proposer des rétinoïdes à appliquer chaque jour pendant 12 à 18 mois après la grossesse, un travail de longue haleine, résume le Pr Dréno, entrecoupé par un nouvel été… ». Il existe aussi des produits cosmétiques, avec de la vitamine C, et, sur le pourtour du bassin méditerranéen, certains dermatologues prescrivent des préparations à base d’hydroquinone, de corticoïdes et de rétinoïdes, à leurs risques et périls : irritations qui amplifient le melasma, dépigmentation et (pour une concentration en hydroquinone supérieure à 2 %) granulomes inflammatoires.
• Vergetures
Deuxième préoccupation des femmes et de leur médecin, les vergetures, dont on connaît mal la physiopathologie. Cette rupture mécanique des fibres de collagène du derme se produit dès le 3e mois et jusqu’à la fin de la grossesse pour les vergetures périombilicales, sans qu’on puisse prédire quelles femmes y seront sujettes, une prise de poids modérée ne protégeant pas de leur apparition… Aucune étude clinique n’a fait la preuve de l’efficacité d’un médicament quel qu’il soit en prévention et a fortiori en traitement d’une vergeture puisque l’on est encore incapable de réparer une fibre de collagène, sauf peut-être avec les lasers, mais tout reste à démontrer.
• Nævi, taches rubis
Les femmes enceintes voient par ailleurs le nombre de leurs nævi augmenter. À cela, s’ajoutent un grossissement et une inflammation des grains de beauté plus anciens, ces nævi activés présentant une image histologique faussement agressive. Elles font également un peu plus d’angiomes (de taches rubis).
• Nouveau : aggravation de l’acné
« La grossesse tend à aggraver l’acné, c’est ce que vient de mettre en évidence notre Observatoire de la Femme Enceinte Acnéique*, celle-ci siégeant plus volontiers sur le dos et de type inflammatoire surtout », indique le Pr Brigitte Dreno. On la traite avec des sels de zinc par la bouche et en application locale, du peroxyde de benzoyle. Point d’antibiotiques locaux sur plus de trois semaines pour éviter les résistances. Les rétinoïdes locaux sont contre-indiqués pendant la grossesse, ainsi, bien sûr, que les tétracyclines (sur les bourgeons dentaires).
• Prurit
Autre inconvénient, un prurit. Lorsqu’aucune cause objective n’est retrouvée, des soins cosmétiques adaptés et une hydratation quotidienne règlent habituellement le problème.
• Lésions bulleuses
En cas de lésions bulleuses (un aspect d’urticaire avec des bulles), qui se manifeste en général après le 3e mois de grossesse jusqu’à l’accouchement, on doit parfois recourir à une corticothérapie per os. À l’origine de cet herpes gestationis, une maladie auto-immune où des anticorps sont dirigés contre des antigènes de la peau.
• Defluvium postpartum
Enfin, si les cheveux sont plus épais et brillants, un defluvium post-partum se produit au décours, les cheveux étant alors plus nombreux en phase catagène (de régression des follicules, prélude à la chute), sur un à deux mois. Le phénomène est moins marqué pour les femmes allaitantes, la décroissance hormonale étant plus douce. Une supplémentation en zinc et vitamines B spécifiques peut être utile.
Pr Brigitte Dreno : Aucun lien d’intérêt déclaré
* Acta Dermato Venerologica 2013 in press
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