VIH : le test HPV permet d’espacer la surveillance

Publié le 26/07/2012

La place du test HPV dans le dépistage du cancer du col de l’utérus mériterait d’être réévaluée en France, y compris en cas d’infection par le VIH. D’après une étude américaine, le test virologique permet d’espacer la surveillance chez les femmes infectées par le VIH sans les exposer à un risque plus élevé de dysplasies du col. En France et aux États-Unis, le test HPV n’est pas recommandé actuellement en cas de séropositivité VIH, une situation qui nécessite une surveillance resserrée avec un frottis cervico-vaginal (FCV) annuel. L’équipe du Dr Howard Strickler à la Yeshiva University de New York a montré que l’incidence des lésions précancéreuses et des cancers était similaire à 3 et 5 ans de suivi chez des femmes ayant à l’inclusion un FCV normal et un test HPV négatif, qu’elles soient séropositives pour le VIH (n = 420) ou séronégatives (n = 279).

Concernant le dépistage du cancer du col dans la population générale, les recommandations françaises et américaines divergent quant à la place accordée au test HPV. En France, cet examen n’est indiqué qu’en cas de frottis ASCUS et le dépistage consiste en un FCV tous les 3 ans. Outre-Atlantique, le test HPV est systématiquement associé au FCV et la périodicité du dépistage tous les 3 ans est passée très récemment à tous les 5 ans, depuis mars dernier. La pertinence du test HPV n’a pas encore été démontrée en cas de séropositivité VIH, que l’intervalle soit de 3 ou 5 ans.

Les chercheurs ont voulu évaluer l’incidence des lésions précancéreuses, définies comme telles à la cytologie (HSIL) et à l’histologie (CIN2+). Le recrutement s’est déroulé sur un an, entre octobre 2001 et septembre 2002. Le suivi des participantes s’est prolongé jusqu’en avril 2011. Des visites tous les 6 mois étaient programmées pour un FCV complété si besoin d’une colposcopie.

Sur le plan cytologique, deux cas de HSIL+ ont été observés au cours des 5 ans, l’un chez une femme VIH-, l’autre chez une femme VIH+ dont le taux de CD4 était ≥ 500/microL. Sur le plan histologique, 15 cas de CIN2+ ont été observés au total sur les 5 ans : 6 chez les 145 femmes VIH- (incidence cumulée de 5 %) et 9 chez les 219 femmes VIH+ (incidence cumulée de 5 %). Parmi ces dernières, on note un cas de CIN2+ chez les 44 femmes VIH+ dont le taux de CD4 est inférieur à 350/microL (incidence cumulée de 2 %), 1 cas chez les 47 dont le taux était compris entre 350 et 499/microL (incidence cumulée de 2 %) et 7 cas chez les 128 dont le taux était ≥ 500/microL (incidence cumulée de 6 %). Deux cas de CIN3 ont été observés, dont l’un chez une femme VIH+, mais aucune n’a eu de cancer.

Comme l’incidence cumulée à 5 ans des lésions précancéreuses et des cancers était identique dans les deux groupes, les chercheurs suggèrent que le test HPV puisse être utilisé en cas de séropositivité VIH, ce qui permettrait d’espacer la surveillance annuelle. De manière plus large, ces résultats soulignent l’intérêt potentiel des tests moléculaires pour améliorer le dépistage chez les femmes infectées par le VIH.

« JAMA », 2012; 308(4): 362-369.

 Dr IRÈNE DROGOU

Source : lequotidiendumedecin.fr