Quand les dysorexies troublent le cycle

Publié le 19/11/2021
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Les liens entre dysorexies et troubles du cycle commencent à être mieux connus. La prise en charge doit être multidisciplinaire.
Une question à évoquer systématiquement en consultation pour infertilité

Une question à évoquer systématiquement en consultation pour infertilité
Crédit photo : phanie

Les troubles du comportement alimentaire (TCA) regroupent anorexie, boulimie, alternance des deux, hyperphagie, absorption de matières non digérées, etc. Pour les dépister, la HAS recommande d’utiliser le questionnaire de Scoff-F. Plus simplement, une ou deux questions telles que : « avez-vous ou avez-vous eu un problème avec votre poids ou votre alimentation ? » ou « est-ce que quelqu’un de votre entourage pense que vous avez un problème avec l’alimentation ? » peuvent permettre le dépistage.

Une aménorrhée est observée chez 66 à 90 % des patientes anorexiques, 40 % des patients boulimiques, 50 % des patientes avec alternance d’anorexie et boulimie. Les facteurs principaux sont le poids (IMC bas) et la faible prise calorique. Elle peut cependant persister après la restauration du poids chez une patiente anorexique. D’autres facteurs sont impliqués comme la pratique d’exercice intensif, la faible masse grasse, le stress…

D’un point de vue physiopathologique, chez les patientes anorexiques, le mécanisme de l’aménorrhée est lié à un déficit central en GnRH entraînant une déplétion de la FSH et de la LH. Cela pourrait être lié à un déficit en leptine, un peptide produit par le tissu adipeux, mais il persiste des zones d’ombre. Chez les boulimiques, le mécanisme est bien moins bien connu, probablement en lien avec la résistance à l’insuline et le syndrome des ovaires polykystiques (lire encadré).

Il n’est pas prouvé que la mise en place d’une substitution estrogénique puisse améliorer la densité osseuse chez les patientes anorexiques et aménorrhéiques. Une pompe à GnRH est utile dans le cadre du désir de grossesse ; elle permet de restaurer les cycles dans 70 à 95 % des cas, avec un taux de grossesse cumulé après six cycles de 70 à 100 % des cas.

Quoi qu’il en soit, le traitement des problèmes gynéco-obstétricaux chez les personnes souffrant de TCA ne peut se faire sans une prise en charge du TCA lui-même. Lors d’une consultation pour troubles des cycles, infertilité ou assistance à la procréation, la recherche d’un TCA doit être systématique et, s’il est repéré, une prise en charge pluridisciplinaire spécialisée s’impose.

Présentation de la Dr Julie Serfati

Dr Marie Carbonnel
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Source : Le Quotidien du médecin