On connaît les effets indésirables sur le plan cardiovasculaire (CV) des anti-VEGF prescrits en oncologie : hypertension artérielle (HTA) et protéinurie surtout, mais aussi évènements CV. Leur prescription est par conséquent encadrée de recommandations. Peu d’effets indésirables ont été rapportés dans les études en ophtalmologie lors d’injections intravitréennes (IVT), mais il faut considérer le terrain associé aux indications.
Une étude américaine en vraie vie retrouve un taux de complications systémiques de 20 à 25 % pour les IVT d’anti-VEGF, mais les données proviennent d’une population défavorisée de Medicare, vraisemblablement à plus haut risque CV. Et ces patients atteints de DMLA exsudative sont en réalité déjà à risque cardiovasculaire très élevé.
Dans le cas des anti-VEGF prescrits pour un œdème maculaire chez le diabétique, les résultats des études sont pour le moins contradictoires. Une métaanalyse ne montre pas de différence sur la morbimortalité par rapport aux patients traités par laser, quel que soit l’anti-VEGF utilisé, et pas plus de complications CV. Mais les données de tolérance n’ont été recueillies que partiellement, certaines études excluaient les personnes ayant des antécédents CV et elles n’avaient pas pour objectif d’analyser ces évènements CV rares. Dans une étude en vraie vie, on ne retrouve pas plus d’évènements CV ou d’AVC mais une augmentation du risque d’hospitalisations (x 1,17).
En faveur du rôle du terrain plus que de celui des médicaments : l’absence de relation dose-dépendante, puisqu’on ne retrouve pas plus d’évènements cardio-cérébrovasculaires chez les personnes traitées pour les deux yeux ; il y a toutefois une augmentation du nombre d’HTA. Et, de nouveau, on sait que la présence d’un œdème maculaire est associée à un doublement des AVC, des IDM et de la mortalité par rapport aux diabétiques sans œdème maculaire.
« Les informations sur le risque CV lié aux anti-VEGF sont contradictoires, et les études ne permettent pas l’évaluation optimale de ces risques, du fait de la rareté de ce type de complications et de l’exclusion des patients à haut risque, résume le Dr Thibaud Mathis (CHU de Lyon). Le risque semble être essentiellement lié au diabète et non aux injections d’anti-VEGF. »
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