CPHG, SPLF, SAR : les priorités des instances de la pneumologie pour 2024

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Publié le 19/04/2024
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Cancer du poumon, BPCO, pollution, télésurveillance… Voilà les dossiers sur lesquels il faudra se mobiliser cette année, selon le Pr Jesus Gonzalez, président de la Société de pneumologie de langue française (SPLF), le Dr Hugues Morel, président du Collège des pneumologues des hôpitaux généraux (CPHG) et le Dr Bruno Stach, président du Syndicat de l’appareil respiratoire (SAR).

La mesure du souffle a été intégrée aux consultations des trois âges clés

La mesure du souffle a été intégrée aux consultations des trois âges clés
Crédit photo : BURGER/PHANIE

C’est une véritable « douche froide » qui s’est abattue sur la Société de pneumologie de langue française (SPLF) en mars, avec la décision de l’Institut national du cancer (Inca) de ne lancer qu’un protocole de recherche pour étudier la faisabilité d’un dépistage du cancer du poumon en France. « L’Inca nous demande de réaliser un cahier des charges sur la mise en place de ce protocole. Nous allons bien sûr répondre favorablement à cette demande mais nous exprimerons aussi notre stupéfaction et notre mécontentement. Car, avec ce protocole, nous perdons encore de précieuses années avant de mettre en place un dépistage organisé du cancer du poumon. En 2023, de nouvelles preuves scientifiques de l’intérêt de ce dépistage ont été publiées, et l’Angleterre l’a instauré. Une étude de faisabilité, conduite dans la Somme sous la responsabilité du Dr Olivier Leleu, s’est révélée très concluante ; on ne comprend pas pourquoi il faudrait encore attendre », indique le Pr Jesus Gonzalez, président de la SPLF.

Nous perdons encore de précieuses années contre le cancer

Pr Jesus Gonzalez

Le dépistage du cancer du poumon est aussi une priorité pour le Collège des pneumologues des hôpitaux généraux (CPHG). « Il faut vraiment agir pour qu’il puisse être mis en place sans tarder, estime son président, le Dr Hugues Morel. Plusieurs études montrent que le dépistage, via un scanner thoracique annuel sur une population bien identifiée, permet de réduire de 20 % la mortalité liée au cancer bronchopulmonaire. C’est un dossier très important sur lequel il faut mobiliser les pneumologues, mais aussi les généralistes, pour repérer les patients pouvant en bénéficier. Car, le plus souvent, ce sont des gens qui ne se plaignent de rien mais ont une consommation tabagique importante. Il faut aussi impliquer les radiologues pour avoir la capacité d’organiser ces scanners thoraciques dans le cadre d’un dépistage organisé. »

Il faut mobiliser les radiologues et les généralistes

Dr Hugues Morel

En s’appuyant sur les résultats de l’étude KBP-2020-CPHG, le Dr Morel souligne par ailleurs la nécessité de porter une plus grande attention aux décès précoces, chez les patients atteints de cancers bronchopulmonaires. « Il y a environ 20 % des patients qui décèdent dans les trois mois qui suivent le diagnostic. C’est un chiffre qui reste malheureusement très stable depuis des années et sur lequel on doit s’interroger. Il s’agit de patients qui arrivent avec une maladie déjà très disséminée ; il faut comprendre les raisons de ce diagnostic tardif. Le cas de ces personnes suscite aussi de nombreuses questions, notamment celle de savoir s’il est licite ou pas d’engager un traitement », souligne le spécialiste.

Faire reconnaître le fardeau de la BPCO

En 2024, la SPLF souhaite également continuer à se mobiliser fortement sur la BPCO. « On souhaiterait que les instances et la population française se rendent compte à quel point cette pathologie constitue un véritable fléau et un coût sociétal, auxquels il faut s’attaquer. Chaque année, nous organisons un colloque annuel sur la BPCO et nous travaillons en lien étroit avec le collectif Droit à respirer. Nous dialoguons avec l’Assurance-maladie pour qu’un dépistage soit instauré, via la mesure du souffle. Le collectif, pour l’instant, a déjà obtenu que cette mesure soit réalisée lors des deux consultations prévues à des âges clés de la vie », poursuit le Pr Gonzalez.

« La question du dépistage via la mesure du souffle est importante, renchérit le Dr Morel. Il faut aussi s’intéresser aux patients sévères qui sont hospitalisés, pour voir dans quelles conditions ils peuvent avoir accès à la réhabilitation respiratoire, aux biothérapies ou à des techniques innovantes comme les valves endobronchiques. Pour cela, il faudrait peut-être mettre en place des staffs, pour réfléchir à leur prise en charge. »

La SPLF va poursuivre son action sur les changements climatiques et la pollution. « Selon le rapport du Giec, les maladies pulmonaires sont les deuxièmes, derrière les maladies cardiovasculaires, en matière de mortalité liée à la pollution. Nous allons mettre en place un groupe de travail avec d’autres spécialités et nous souhaitons que la pneumologie prenne la tête de ce combat sur le changement climatique et la pollution », souligne le Pr Gonzalez.

Organisation des soins

Du côté du Syndicat de l’appareil respiratoire (SAR), une priorité sera cette année d’avancer sur le dossier de l’organisation des soins. « On est très mobilisés sur la réalisation d’équipes de soins spécialisés et sur la mise en place de pôles de santé libéraux », indique son président, le Dr Bruno Stach, qui suit aussi avec attention l’évolution de la télésurveillance pour les patients placés sous ventilation non invasive. « Elle est entrée dans le droit commun pour les insuffisants respiratoires sévères et les patients placés sous oxygène. Mais ce n’est pas toujours simple à mettre en place pour les pneumologues libéraux qui sont seuls dans leurs cabinets ou ne travaillent pas en équipes. C’est la raison pour laquelle nous allons mettre en place un site internet, pour aider les pneumologues à s’informer sur les tâches administratives à réaliser pour développer la télésurveillance. »

Nous soutenons les pneumologues libéraux dans les tâches administratives

Dr Bruno Stach

Un autre dossier important pour le SAR est, bien sûr, celui de la convention médicale. « Cela dépasse le seul cadre de la pneumologie, mais nous nous battons pour que la place et les spécificités de notre spécialité soient mieux prises en compte », indique le Dr Stach.

Antoine Dalat

Source : Le Quotidien du Médecin