Face à des symptômes souvent subjectifs

Savoir remettre en question le diagnostic

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Publié le 07/09/2017
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L'asthme est la maladie chronique la plus souvent diagnostiquée chez l'enfant. Mais le diagnostic est-il toujours correct ? La réponse n'est pas évidente car le diagnostic, notamment chez le petit enfant, est le plus souvent porté sur la base de seuls signes cliniques et non pas sur des critères objectifs. La toux, comme les épisodes de sifflements, en particulier s'ils sont rapportés par les parents, ne sont pas spécifiques de l'asthme et ceci expose donc à des risques de sous et de sur-diagnostic.

En matière de tests objectifs, il n'y a pas de mètre étalon, et la valeur prédictive de chaque test est loin d'être optimale, estime la Dr Louise Fleming (National Heart and Lung Institute, Londres, Royaume-Uni), ce qui ne doit pas pour autant inciter à ne pas réaliser ces tests. Certains ne sont disponibles que dans des centres spécialisés, mais mesurer le peak-flow, évaluer sa variabilité sur une période de 2-4 semaines, démontrer la réversibilité de l'obstruction bronchique et mesurer le monoxyde d'azote (NO) exhalé sont facilement accessibles. Et l'absence d'obstruction bronchique et d'inflammation doit vraiment remettre en question le diagnostic. Dans certains cas, un test thérapeutique peut être utile, s'il permet de démontrer sans équivoque une amélioration sous traitement et une détérioration à l'arrêt.

La moitié de cas diagnostiquée à tort ?

0Une étude danoise récente menée chez 650 enfants considérés comme asthmatiques a montré que le diagnostic n'avait pu être confirmé par toute une série de tests objectifs que dans 16 % des cas. Dans 23 %, l'asthme a été estimé probable malgré l'absence de confirmation objective. Et dans plus de la moitié des cas, il s'agissait d'un surdiagnostic, selon les auteurs de l'étude.

Un autre travail, mené cette fois au Canada sur 102 enfants avec un diagnostic d'asthme et 52 sujets contrôles, a retrouvé un taux comparable de surdiagnostic (45 %), avec quelque 10 % de sous-diagnostic dans le groupe contrôle. Même si les résultats de ces études doivent être interprétés avec prudence (études transversales, possible guérison de l'asthme avec l'âge), ils interpellent et doivent inciter à remettre en cause le diagnostic dans certaines situations d'échec thérapeutique, afin de ne pas prescrire inutilement des traitements plus lourds.

Daprès la session «Is asthma overdiagnosed?», Dr Louise Fleming (National Heart and Lung Institute, Londres, Royaume-Uni)

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin: 9599