En psychiatrie, une alternative au médicament

« Le thermalisme en psychiatrie est mal connu des médecins, car il reste très peu enseigné en faculté. C’est pourtant une vraie solution thérapeutique. Les études que l’on a menées le démontrent clairement », explique le Dr Olivier Dubois.

Ce psychiatre et médecin thermal à Saujon (Charente-Maritime) a publié en septembre 2018, chez Flammarion, un livre qui exhorte les professionnels de la psychiatrie à prendre en compte la cure thermale comme alternative thérapeutique dans certaines pathologies « comme l’anxiété, les troubles du sommeil, la fatigue chronique, la dépression ou le burn-out, note le médecin. Mon livre va dans le sens d’une recherche de solutions plus apaisantes, naturelles, moins agressives que peuvent parfois représenter les thérapies médicamenteuses avec les risques de dépendance et d’effets secondaires » (1).

Arrêt total des anxiolytiques

Ces solutions reposent sur des observations solides. Le Dr Dubois évoque par exemple l’étude STOP-TAG qui, en 2010, a démontré l’efficacité de la cure thermale comparativement au médicament de référence, la paroxétine, dans les troubles anxieux généralisés (2). Puis l’étude SPECTh sur le sevrage de benzodiazépine en milieu thermal (3) : « nous avons suivi durant six mois 70 patients souffrant de troubles anxieux et qui étaient consommateurs chroniques d’anxiolytiques depuis plus de trois ans, explique le psychiatre. 41 % des patients ayant suivi le protocole ont totalement arrêté leur consommation médicamenteuse et 80 % l’ont réduit d’au moins 50 %. Seuls 20 % de patients n’ont observé aucun effet », ajoute-t-il. Dans cette étude, les critères les plus favorables à l’arrêt stable de benzodiazépines étaient le fait d’être un homme en situation professionnelle active et la moindre consommation médicamenteuse.

Burn-out des soignants

Près de 4 500 curistes ont été pris en charge en 2018 aux Thermes de Saujon, essentiellement dans les troubles anxieux, les états de burn-out, de dépression, la fibromyalgie et les troubles du sommeil. « En psychiatrie, les soins thermaux les plus spécifiques sont ceux à valence sédative comme les bains bouillonnants ou les massages sous l’eau. Nous développons aussi beaucoup d’ateliers de relaxation, de mindfullness où l’on travaille surtout au niveau du lâcher-prise, une notion fondamentale pour ces patients anxieux chroniques », indique le Dr Dubois.

En 2018, des programmes courts de prise en charge du burn-out des soignants ont été lancés à Saujon, sur trois ou cinq jours. « Outre des soins thermaux, nous proposons des ateliers axés sur la notion d’empathie, de mise à distance par rapport à l’engagement professionnel afin de contribuer à les aider à retrouver du sens dans l’exercice quotidien de leur profession », résume-t-il.

(1) « Thermalisme, voie de guérison naturelle », éd. Flammarion, septembre 2018 
(2) O. Dubois et al., Complementary Therapies in Medicine, 18, 1, 2018.
(3) O. Dubois et al., Evidence-Based Complementary and Alternative Medicine, Article ID 8961709, 2014