Couverture vaccinale contre l’HPV

La prévention à la traîne

Publié le 29/10/2018
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HPV

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Crédit photo : PHANIE

Le papillomavirus humain (HPV) est responsable chaque année de 3 000 nouveaux cas de cancer du col utérin et de 1 100  écès en France. Malgré la mise en place d’un programme de dépistage avec le frottis cervicovaginal (prévention secondaire) permettant le traitement des lésions précancéreuses (prévention tertiaire), 40 % des patientes qui ont un cancer du col de l’utérus sont diagnostiquées à un stade localement avancé. 25 % d’entre elles présentent de plus une atteinte ganglionnaire lombo-aortique, avec une survie médiane de trente-trois mois malgré le traitement à visée curative qui leur sera administré.

Pourtant, il existe désormais trois vaccins contre ce virus, un quadrivalent et un bivalent disponibles depuis 2006 et 2008 et, depuis peu, un nonavalent. On dénombre en effet plus de 200  énotypes différents d’HPV, dont 12 sont considérés comme à haut risque oncogène, et deux à bas risque, responsables de condylomes. Aujourd’hui, le vaccin nonavalent couvre 90 % des souches à haut risque. D’autres cancers HPV-induits sont décrits, tels que le cancer de la marge anale (24 % des cancers HPV-induits) et le cancer de l’oropharynx (22 %).

Loin derrière les objectifs

Le calendrier vaccinal en France préconise une vaccination des filles de 11 à 14  ns révolus (en deux injections), avec un rattrapage de 15 à 19  ns révolus (en trois injections). Pour les homosexuels masculins, un rattrapage est prévu jusqu’à 26  ns révolus (en trois injections). La couverture vaccinale reste cependant bien inférieure dans notre pays à l’objectif fixé par le Plan cancer 2014-2019, qui était de 60 %. Elle atteint péniblement les 21,4 % en France.

Pourtant, des pays comme le Portugal ou l’Australie, qui ont intégré la vaccination anti-HPV au calendrier vaccinal pour les filles et les garçons, atteignent un taux de couverture proche de 80 %. La prévalence des infections par HPV est passée de 22,7 % en 2005-2007 à 1,5 % en 2015 dans ce pays. Les premières études montrent une efficacité établie sur les lésions de bas et haut grades, notamment 90 % d’efficacité contre ces dernières (HPV 16-18) 10 ans après un schéma vaccinal complet.

Concernant la sécurité des vaccins, elle a été établie par l’Agence nationale de sécurité du médicament par l’absence d’augmentation du risque de maladie auto-immune associée. Une revue de la Cochrane (26  ssais randomisés) a aussi réfuté l’augmentation de survenue d’événements indésirables graves liés à cette vaccination. Mais de nombreuses controverses médiatisées (SEP, hépatite B, grippe H1N1, adjuvants aluminiques) ont attisé la réticence de la population face à la vaccination en général.

En Occitanie, où la couverture n’est que de 17,4 % en 2017, une étude par questionnaire délivré aux professionnels de santé proposant cette vaccination sera menée afin d’évaluer l’impact du soignant et établir des perspectives d’amélioration de la vaccination.

Chirurgie générale et gynécologique, CHU Rangueil, IUCT-Oncopole (Toulouse)
Symposium « MSD vaccins »

Dr Élodie Chantalat

Source : Le Quotidien du médecin: 9698