Fait méconnu des professionnels de santé et des patientes, la prééclampsie est reconnue depuis 2011 par l’American College of Obstetricians and Gynecologists (ACOG) comme facteur de risque cardio-neurovasculaire à part entière, au même titre que le diabète ou la dyslipidémie. Elle multiplie par deux les risques de cardiopathie ischémique et d’accident vasculaire cérébral (AVC), respectivement à 12 et 10 ans. Le surrisque est d’autant plus important que la prééclampsie est sévère ou associée à d’autres facteurs de risques métaboliques, comme le diabète gestationnel. La prééclampsie engage également le pronostic rénal à long terme, avec un risque cinq fois plus important de développer une insuffisance rénale terminale à 20 ans, et un risque de diabète de type 2 deux fois plus important.
Les règles de prévention sont celles du risque cardiovasculaire. On contrôlera les autres facteurs de risque, et on insistera sur les facteurs protecteurs : alimentation équilibrée, pratique régulière d’une activité physique, aide au sevrage tabagique et à la gestion du stress. Des mesures préventives certes difficiles à mettre en œuvre chez ces femmes jeunes dont l’attention est souvent accaparée par leur nouvelle vie de famille et leur carrière débutante, mais qui méritent qu’on s’y attarde.
Médecins généralistes, sages-femmes comme gynécologues libéraux doivent s’impliquer davantage dans cette médecine de prévention. Rappelons que les maladies cardiovasculaires représentent la première cause de mortalité des femmes en Europe (y compris en France), où elles provoquent la moitié de leurs décès – huit fois plus que le cancer du sein !
Interne en gynécologie obstétrique, CHU de Poitiers.
Communication du Dr Paul Guerby (CHU de Toulouse)
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