La colchicine s’impose dans le syndrome coronaire aigu
Déjà proposée dans certaines péricardites, la colchicine pourrait bientôt faire partie de l’arsenal thérapeutique du coronarien. Deux études publiées récemment ont en effet confirmé l’intérêt de cet anti-goutteux en prévention secondaire, en association avec le traitement usuel, puisqu’il réduit les événements cardiovasculaires après un syndrome coronaire aigu dans l’essai Colcot et même chez le coronarien stable dans l’étude LoDoCo2. Actuellement, la colchicine ne dispose pas de recommandation ni de remboursement dans cette indication, et on attend que les sociétés savantes prennent position après les résultats de ces deux études. « Il s’agit d’une avancée à la fois pratique, puisque c’est une molécule que tous les médecins connaissent bien, mais aussi théorique, puisque les conclusions de ces études valident la théorie inflammatoire de l’athérosclérose », remarque le Pr François Roubille (Montpellier). C’est en effet la première fois qu’un anti-inflammatoire fait ses preuves dans cette indication. « Nous allons commencer une étude en prévention primaire, poursuit le cardiologue, chez des patients à haut risque cardiovasculaire, comme des diabétiques ayant d’autres facteurs de risque tels l’âge ou l’HTA ».
Gliflozines, du diabète à l’insuffisance cardiaque
Autres molécules « transfuges » : les gliflozines devraient devenir incontournables dans l’insuffisance cardiaque (IC). Les résultats concordant des études comme Emperor-Reduced et DAPA-HF (menées respectivement avec l’empagliflozine et la dapagliflozine) plaident en faveur de l’élargissement de leurs indications aux insuffisants cardiaques, y compris chez les non diabétiques, d’autant qu’elles sont plutôt bien tolérées. Plusieurs gliflozines ont maintenant l’AMM dans le diabète. La seule disponible en France pour le moment, la dapagliflozine, vient aussi d’obtenir une AMM dans l’IC. Actuellement, les gliflozines sont prescrites en plus des autres traitements de l’IC, y compris du sacubitril/valsartan, mais on attend des recommandations pour préciser leur place exacte chez le non diabétique afin d’éviter l’« empilement » de trop nombreuses molécules.
Le tafamidis, premier traitement spécifique de l’amylose
Autre bonne nouvelle cette année : le tafamidis a obtenu une AMM européenne pour le traitement de l’amylose à transthyrétine, qu’elle soit héréditaire ou sénile. C’est un progrès majeur dans une pathologie dont la médiane de survie était de 6 mois après hospitalisation pour insuffisance cardiaque et vis-à-vis de laquelle on n’avait que des traitements symptomatiques. Le tafamidis, dont le prix, très élevé actuellement, devrait baisser, fait régresser l’hypertrophie myocardique, améliore la symptomatologie et la survie, même chez les patients âgés, avec une bonne tolérance, les effets secondaires étant essentiellement digestifs. La possibilité de traiter ces patients a amené à s’intéresser beaucoup plus à l’amylose, qu’on diagnostique de plus en plus, ce qui permet aussi, lorsqu’elle est d’origine génétique, de mener une enquête familiale.
La morbimortalité cardiovasculaire réduite de moitié chez les diabétiques
Diverses études avaient déjà suggéré une amélioration du pronostic des diabétiques atteints de pathologies cardiovasculaires (CV), mais pour la première fois une étude de cohorte danoise en apporte la preuve chez 211 278 patients diabétiques nouvellement diagnostiqués et sans antécédents cardiovasculaires. En 20 ans, le nombre d’IDM et de décès CV a diminué de moitié, se rapprochant du taux d’évènements chez les non diabétiques. Cette réduction spectaculaire est en grande partie liée à la meilleure utilisation des traitements cardiovasculaires et en particulier des hypolipémiants et devrait encore s’améliorer.
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