Trouble du déficit de l’attention et hyperactivité

Ne surtout pas banaliser les symptômes

Publié le 27/04/2015
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Le trouble du déficit de l’attention et hyperactivité (TDAH) fait partie des troubles d’apprentissage. Ceux-ci doivent être rapidement pris en charge car ils peuvent engendrer difficultés et échec scolaires à l’origine de troubles du comportement (irritabilité, dépression, troubles anxieux) qui vont eux-mêmes entraîner une démotivation scolaire, laquelle aggrave les troubles. Un cercle vicieux s’installe alors.

Le diagnostic de TDAH repose essentiellement sur trois symptômes, associés à des degrés divers : un déficit de l’attention, composante majoritaire dans l’expression du trouble (45 % des cas) ; une hyperactivité motrice constituée ; une impulsivité. Les deux dernières composantes sont retrouvées chez 35 % des enfants présentant un TDAH.

Le TDAH n’est pas labile. Il s’exprime tout le temps et partout ! À l’école, en famille, lors des activités extrascolaires, pendant au moins 6 mois et, selon le DSM V, avant l’âge de 12 ans.

Les troubles commencent généralement bien avant la consultation, la date de celle-ci étant fonction de la tolérance familiale.

Le rôle du médecin généraliste est complexe car les signes ne sont pas spécifiques. Il ne doit pas les banaliser mais y penser devant un enfant distrait, qui perd ses affaires sans arrêt, dont l’attention est labile, qui agit sans réfléchir en se mettant parfois en danger. La plupart du temps agité, l’enfant met sens dessus dessous le cabinet médical, il n’est plus invité aux goûters d’anniversaire, il est exclu du club de sport. Bref ! Il énerve...

La démarche diagnostique prend du temps et se met en place lors de plusieurs consultations dédiées, de façon évaluer les plaintes de l’entourage et la souffrance de l’enfant si des répercussions existent. Ce qui est généralement le cas. Les comorbidités, notamment la dyslexie et la dyspraxie, doivent être recherchées. Ainsi que d’autres pathologies, car ce n’est pas parce qu’un enfant est agité qu’il présente forcément un TDAH. L’hyperactivité peut révéler un TOC, des troubles de conduite, un état anxieux ou dépressif, un trouble psychiatrique. Des outils sont à la disposition du médecin, tels l’échelle d’évaluation SNAP-IV (disponible sur internet) ou le questionnaire de Conners (plus complexe).

Le méthylphénidate, en deuxième intention seulement

En cas de forte suspicion de TDAH, et avant que l’enfant soit adressé à un confrère ou un service spécialisé, le médecin généraliste doit informer la famille sur le trouble, ce qui a déjà pour effet immédiat de diminuer l’angoisse et la culpabilité des parents qui auraient pu impliquer un défaut éducationnel pour expliquer le comportement de l’enfant. Il faut également informer sur les différentes méthodes de prise en charge (thérapie comportementale et cognitive, psychothérapie psycho-dynamique ou psycho-éducative par exemple), sur les mesures d’accompagnement à l’école et sur les associations de parents. Le médecin assure ensuite le suivi, en synergie avec les spécialistes impliqués et avec le médecin scolaire. Il est possible que l’enfant reçoive du méthylphénidate, en deuxième intention après échec d’autres prises en charge. En France, 3 à 5 % des enfants souffriraient d’un TDAH et 10 % de ceux-ci seraient sous traitement médicamenteux. Le méthylphénidate ne peut être prescrit que pour une période de 28 jours, les enfants sont donc revus régulièrement. Il faut alors l’interroger sur les effets indésirables (appétit, sommeil) et analyser la courbe staturo-pondérale, mesurer sa tension artérielle et la fréquence cardiaque.

D’après la communication du Dr Dominique Girardon, Montlignon
Dr Brigitte Martin

Source : Le Quotidien du Médecin: 9407