La mort subite est liée au sport lorsqu’elle survient pendant la pratique sportive ou dans l’heure qui suit. Elle est relativement rare, son incidence se situant autour de 1/200 000 dans la population générale et de 1/43 000 chez les athlètes. Le sport ne représente pas un risque en lui-même mais le facteur déclenchant d’une pathologie sous-jacente. Les principales causes de mort subite sont essentiellement les cardiomyopathies (hypertrophiques, dilatées, restrictives, arythmogènes du ventricule droit). Depuis 2009, en France, la Société française de cardiologie préconise de réaliser un ECG standard tous les 2 ans à partir de l’âge de 10 ans et tous les 5 ans à partir de l’âge de 20 ans pour les certificats de sport en compétition. Cette recommandation est sous-tendue par une étude italienne mise en place en 1982 qui montre que la pratique d’ECG de dépistage diminue les morts subites (1).
Afin d’analyser la praticité d’une grille de lecture de l’ECG au cours d’une consultation pour pratique sportive, un travail de thèse a été réalisé en Franche-Comté. Un questionnaire avec la grille de Corrado a été adressé à 450 médecins généralistes ainsi que deux ECG (un normal et un Wolff Parkinson White). Soixante-douze médecins ont répondu et 43 % d’entre eux ont estimé que le questionnaire était utile pour orienter éventuellement vers le cardiologue. Tous les médecins auraient adressé le patient porteur d’un WPW au cardiologue. Seuls deux médecins auraient orienté le patient à l’ECG normal vers le spécialiste. Bien sûr, ce travail ne bénéficie que d’un faible échantillon de médecins et la grille de Corrado n’a pas été comparée à d’autres grilles, notamment aux critères de Seattle. Mais, d’après les auteurs de cette étude, il semble que dans l’ensemble les médecins prennent les bonnes décisions et ce d’autant plus qu’ils possèdent un appareil à ECG, ce qui démontre la valeur de la pratique.
La question de l’utilité d’un ECG systématique lors d’une visite de non contre-indication à la pratique sportive se pose toujours. La société américaine de cardiologie s’est positionnée contre, imputant l’inefficacité et le coût exorbitant d’un tel dépistage. En France, le collège National des Généralistes Enseignants (CNGE) a procédé à une revue de la littérature et souligne que le très faible niveau de preuve en termes de bénéfice individuel et le coût élevé pour la société ne permettent toujours pas de recommander un ECG standard tous les 2 ans entre 12 et 35 ans dans le cadre d’une visite de non contre-indication à la pratique du sport en compétition (2). La Société française de cardiologie s’est positionnée, on l’a vu. L’Académie de médecine, quant à elle, préconise d’améliorer la formation des médecins dans la lecture de l’ECG et les incite à effectuer des stages en cardiologie et/ou en médecine sportive.
(1) Corrado D et al. JAMA 2006, October 4; 296 (3)
(2) Visite de non contre-indication à la pratique du sport en compétition chez les sujets âgés de 12 à 35 ans : rien de nouveau depuis septembre 2012 - Mars 2014. Sur le site du CNGE
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