Suivi de l’adolescent

Les parents, ces indispensables parasites

Publié le 27/04/2015
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Un exercice d’équilibriste

Un exercice d’équilibriste
Crédit photo : PHANIE

Présenté par la Dr Isabelle Cisamolo, médecin généraliste à Toulouse, un travail de thèse a permis d’évaluer le ressenti d’adolescents asthmatiques vis-à-vis de la présence des parents dans la prise en charge de leur maladie. Cette étude qualitative par entretiens semi-dirigés a inclus 16 patients adolescents âgés de 10 à 17 ans suivis par des médecins généralistes, pneumologues ou pédiatres en région Midi-Pyrénées.

« Nous avons relevé dans nos résultats que les parents avaient une place dans la gestion du traitement au quotidien. Ils sont la principale source d’information des ados, indique la Dr Cisamolo. Mais on a remarqué aussi que les parents transmettent souvent aux enfants leurs propres représentations de la maladie et des médicaments, ce qui peut nuire à l’observance, lorsque des images négatives sont véhiculées ». En consultation, le parent accompagnateur constitue a priori un soutien indispensable en matière d’aide à la compréhension et la mémorisation de l’information délivrée par le médecin, sans oublier son rôle de porte-parole face à un professionnel de santé souvent intimidant pour un jeune patient. Malgré tout, « les parents occupent aussi une place encombrante dans la relation médecin-malade, souligne la Dr Cisamolo. Ils sont un frein à la communication lors de la consultation, certains adolescents pouvant cacher au médecin certaines informations de peur d’inquiéter leur parent ». Par ailleurs, il faut faire attention à ce rôle parental qui filtre l’information délivrée par le médecin, en la modifiant par rapport à son propre vécu, ce qui change parfois la teneur de l’information mémorisée par l’adolescent.

Pour sortir de cette ambivalence, « le médecin pourrait avoir un rôle de chef d’orchestre au sein ce triangle relationnel parent-ado-praticien », suggère la Dr Cisamolo. D’où l’intérêt de recueillir en cours de consultation les attentes de l’adolescent et des parents afin de clarifier et segmenter le message. « Le médecin devrait s’efforcer de maintenir l’adolescent comme son interlocuteur privilégié, tout en guidant le parent dans son rôle de soutien », conclut-elle. Un exercice d’équilibriste.

Généraliste idéal

Mais à quelles conditions des adolescents à risque peuvent-ils confier leur problème au médecin généraliste ? Pour répondre à cette question, la Dr Anne-Laure Heintz, omnipraticienne à Lezay a mené une étude transversale descriptive incluant 1 800 adolescents de 15,5 ans de moyenne d’âge résidant en régions Poitou-Charentes et Alsace. Pour ces ados, les qualités essentielles d’un bon médecin généraliste sont d’être « juste, bienveillant, sincère, non-manipulateur », qui « sait poser les bonnes questions », « garder les secrets qu’on lui confie » et surtout qui ne « juge pas » en sachant rester dans l’empathie. Pour faciliter les échanges, le recours à des questionnaires à remplir avant la consultation peut faciliter le travail du médecin durant l’entretien avec le jeune patient, « mais on manque encore d’outils spécifiquement développés pour la médecine générale », déplore la Dr Heintz.

D’après la table ronde « adolescents : terre inconnue ? »

Source : Le Quotidien du Médecin: 9407