Un marché investi par de nombreuses plateformes privées

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Publié le 14/09/2018
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Les plateformes privées de téléconsultation sont depuis plusieurs semaines sur le pied de guerre. Celles qui existaient déjà sans remboursement ont adapté leur offre à la réglementation (avenant 6) quand d’autres se sont positionnées sur le marché. Le service proposé varie selon les plateformes. Certaines commercialisent des solutions logicielles aux médecins pour pouvoir faire de la téléconsultation avec leurs patients. D’autres se placent sur le marché des usagers avec des applications permettant de les mettre en relation avec un généraliste lorsque le médecin traitant est indisponible ou inexistant.

Outil pratique

Des entreprises comme Direct Medica, qui propose déjà des solutions de télémédecine, se lancent sur le marché de la téléconsultation avec l’arrivée du remboursement. Direct Medica a ainsi développé une interface en ligne pour les médecins généralistes, Patientys-HelloConsult, afin que les praticiens puissent entrer en contact avec leur patientèle. « Notre modèle s’inscrit dans le parcours de soins, explique le Dr Jérôme Stevens, directeur général. Nous ne pensons pas que l’avenir soit des plateformes fermées. »

Le médecin urgentiste de formation martèle que plus cet outil sera simple d’utilisation, plus il deviendra un réflexe pour le généraliste. Ce dernier pourra même effectuer ses consultations en télétravail. « Il faut que le médecin puisse emporter cet outil à la maison. Si un patient souhaite échanger avec moi à 20 heures car son enfant est malade, je dois pouvoir le faire de chez moi de manière sécurisée », ajoute le Dr Stevens. 

Adaptations techniques

Si HelloConsult est un outil uniquement professionnel, d’autres entreprises privées proposent déjà un service de téléconsultation à destination des patients et à leurs frais (ou ceux de leurs mutuelles). Arrivée au début de l’année 2018, la start-up Qare fonctionne avec des forfaits mensuels pour avoir accès à des téléconsultations (environ 30 euros par mois). « Nous avons cependant développé notre activité en nous disant que le remboursement allait arriver », explique le fondateur Alexandre Maisonneuve. Ces plateformes se sont longuement préparées au 15 septembre. « Nous avons travaillé tout l’été sur le sujet car cela nécessite des adaptations techniques », ajoute éric Roussin, fondateur de la plateforme Medicitus.

D’autres, comme LIVI, ont attendu que la téléconsultation soit remboursée avant de se lancer. Cette application s’adresse aux patients à la recherche d’un rendez-vous chez le praticien quand le médecin traitant n’est pas disponible. La vingtaine de praticiens téléconsultants de la plateforme est employée au sein d’un “centre de santé digital” basé à Créteil (94). Cette structure juridique permet à LIVI de respecter l’obligation de passage par une organisation territoriale pour sortir du parcours de soins. Les patients ne seront donc pas forcément mis en relation avec un médecin de leur région. Ce sera souvent le cas avec ce type d’opérateur. « Avec seulement 70 praticiens qui travaillent avec nous, il est difficile pour l’instant de proposer une téléconsultation avec un médecin géographiquement proche du patient. Mais plus il y aura de médecins impliqués, plus ce sera possible », se défend Alexandre Maisonneuve de Qare. 

L’articulation des plateformes privées avec ces organisations territoriales reste un point d’interrogation. « Nous sommes actuellement en discussion avec ces plateformes territoriales », assure éric Roussin de Medicitus. Les partenaires conventionnels étaient pourtant clairs sur le sujet au moment des négos : pas question d’intégrer au remboursement des plateformes qui proposent une téléconsultation avec un médecin à l’autre bout de la France.

La facturation en question

Si la création d’un acte de téléconsultation n’a pas nécessité de modification de la nomenclature, l’aspect technique de la facturation a demandé des adaptations. LIVI assure que ses téléconsultations seront remboursées en tiers payant pour la partie Sécu et que la prescription électronique est au point, mais d’autres plateformes nous ont fait part de leur scepticisme quant à une opérabilité totale au 15 septembre. « Il va sûrement y avoir quelques modifications à faire les premiers temps », avoue le directeur de Medicitus. La Cnam assure pourtant que « les services techniques ont intégré dans le système d’information les nouveaux codes correspondant aux actes de téléconsultation » et que tout sera effectif dès le 15 septembre.

Le médecin téléconsultant, dont le logiciel métier intègre la téléconsultation prévue dans l’avenant 6, transmet une feuille de soins électronique en mode SESAM sans Vitale, en l’absence de carte Vitale du patient. Si son logiciel n’est pas mis à jour, il transmet la feuille de soins en mode SESAM « dégradé ». « À titre dérogatoire, le médecin est exonéré, dans ce cas, de l’envoi de la feuille de soins papier parallèlement au flux télétransmis », confirme l’Assurance maladie.


Source : lequotidiendumedecin.fr