DAI : la prévention au premier plan

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Publié le 10/03/2023
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Le traitement de la dermite associée à l’incontinence (DAI) constituée est complexe, aussi faut-il considérer tous les incontinents comme à risque.
Les lésions sont parfois difficiles à distinguer de celles des escarres, mais les deux traitements diffèrent

Les lésions sont parfois difficiles à distinguer de celles des escarres, mais les deux traitements diffèrent
Crédit photo : BURGER/PHANIE

Pathologie liée à l’exposition prolongée de la région périnéale et/ou anale aux urines et/ou aux selles, la dermite associée à l’incontinence (DAI) est fréquente : elle concerne plus de 40 % des personnes en Ehpad, jusqu’à 50 % en court séjour et 80 % en soins intensifs. Elle est favorisée par la fragilité de la peau âgée, par les pansements occlusifs, le manque d’hygiène ou, au contraire, des soins agressifs et répétés, ainsi que par certains traitements immunosuppresseurs.

Elle se traduit par des lésions érythémateuses multiples, parfois squameuses, confluentes, siégeant au niveau des fesses, des organes génitaux externes, de la racine des cuisses. En l’absence de prise en charge, elle peut évoluer vers une dermite sévère, avec perte de substance dermo-épidermique, et s’étendre au bas de l’abdomen, du dos ou à la face antérieure et interne des cuisses. Les lésions, souvent très érosives, peuvent devenir vraiment douloureuses. Dans un tiers des cas, elle peut être surinfectée par le Candida albicans.

« Il est parfois difficile de distinguer la DAI des escarres au stade 1 ou 2, d’autant que les facteurs de risque sont souvent communs, et qu’elles peuvent être associées. Mais la prise en charge est bien différente », prévient la Dr Nathalie Faucher (gériatre, Hôpital Bichat, AP-HP). La DAI concerne la superficie de la peau, tandis que l’escarre débute dans les tissus sous-jacents en regard d’une proéminence osseuse ; les lésions de la DAI sont plus diffuses et mal limitées. Au début, la DAI provoque plutôt des sensations de brûlures, de démangeaisons ou de picotements, que de douleurs.

Protéger la peau

Il est indispensable de réduire la durée de contact de la peau avec les urines ou les selles. « L’incontinence n’est pas une fatalité, et il faut toujours essayer de la réduire, avec une rééducation si cela est possible, et en traitant sa cause — infection urinaire, fécalome, prise de diurétiques, de laxatifs ou d’antibiotiques », insiste la gériatre.

Les changes doivent être complets, non irritants, avec un degré d’absorption adapté et renouvelés au moins trois fois par jour. La peau doit être nettoyée dès qu’elle est souillée, avec un savon doux, une huile lavante, un pain dermatologique au pH proche de la peau, bien rincée, sans frotter et en essuyant soigneusement par tamponnement. Après chaque change, on protégera la peau de l’exposition aux fuites urinaires et/ou fécales, avec des crèmes ou des gels à base d’oxyde de zinc, de diméthicone, de terpolymère d’acrylate. L’application doit être toujours faite en couche fine et par effleurage. On dispose aussi de films protecteurs, qui ne doivent être changés que toutes les 72 heures. « Certains gestes comme les massages doivent être bannis », rappelle Anne Philippe (IDE, Hôpital Saint Antoine, AP-HP).À exclure également, les produits gras occlusifs, qui altèrent les protections, les pâtes à l’eau. Il ne faut pas mélanger deux topiques cutanés.

Pour ne pas aggraver la macération, on ne doit pas utiliser de pansements américains, ni de carrés absorbants en plus des changes.

Exergue : Il faut réduire la durée de contact de la peau avec les urines ou les selles

Session M5

Dr Maia Bovard Gouffrant

Source : Le Quotidien du médecin