Le continent noir de la dépigmentation volontaire

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Publié le 18/01/2024
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Les techniques employées pour réduire volontairement la pigmentation d’une peau normale sont souvent dangereuses pour la peau, et plus largement pour la santé.

Les patients ne déclarent pas spontanément l’usage des produits

Les patients ne déclarent pas spontanément l’usage des produits

Si, en France, le recours à la dépigmentation concerne surtout des femmes d’ascendance africaine, qui parfois appliquent les produits aussi chez leurs enfants, il n’épargne pas les hommes. Le diagnostic étiologique des complications qui en découlent est d’autant plus difficile que les patients tendent à cacher cette pratique au praticien.

Le plus souvent, des applications quotidiennes de mélanges faits maison sont réalisés sur toute la surface de la peau.

Les dermocorticoïdes, en particulier le clobétasol, sont utilisés à des doses pouvant atteindre 300 grammes de crème par mois, ce qui expose à des complications cutanées et systémiques : atrophie cutanée, vergetures larges de siège inhabituel, dermatoses faciales de type acné ou rosacée, hyperpilosité, dyschromie et, souvent de façon plus retardée, tout le cortège de complications de la corticothérapie systémique au long cours.

Les dérivés de l’hydroquinone, désormais interdits en Europe et aux États-Unis, sont encore largement présents dans de nombreux produits éclaircissants illicites. Ils peuvent entraîner une irritation, de l’eczéma mais aussi une ochronose exogène, qui se manifeste par l’apparition de petits grains très noirs sur la peau exposée à la lumière, sans recours thérapeutique possible.

Les métaux lourds, tels que le mercure, peuvent être responsables d’intoxications, tandis que les produits domestiques (liquide vaisselle, dentifrice) sont source de brûlures et parfois d’infections graves.

À noter que les produits cosmétiques sont d’une efficacité limitée mais sans danger spécifique. Quant aux données disponibles sur le glutathion, utilisé par voie orale ou injectable et très prisé actuellement, elles sont très limitées.

Communication du Dr Antoine Petit, Paris


Source : lequotidiendumedecin.fr