Diabète

Près de Toulouse, une expérience innovante d’éducation thérapeutique

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Publié le 28/09/2017
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TOULOUSE

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Crédit photo : DR

À Bondigoux, au bord du Tarn, à une trentaine de kilomètres de Toulouse, la clinique du Château de Vernhes est un établissement de soins de suite et de réadaptation spécialisé dans la prise en charge de l’obésité, basé sur l’éducation thérapeutique.

« Depuis une vingtaine d’années, nous développons de nombreux programmes de prise en charge, validés par l’agence régionale de santé (ARS), dont certains sont spécifiques au diabète, car cette maladie chronique est souvent consécutive à l’obésité, décrit LE Dr Frédéric Sanguignol, médecin et directeur de l’établissement. Notre objectif est d’agir sur les modifications du comportement et du mode de vie des patients afin qu’ils deviennent acteurs de leur maladie lorsqu’ils rentrent chez eux. » Ici sur les 2 000 personnes soignées pour obésité chaque année, 600 suivent le « programme diabète ». 

Une prise en charge personnalisée et pluridisciplinaire

« À leur entrée à la clinique, chaque patient rencontre une diététicienne, des médecins, un psychologue et se voit proposer un programme de prise en charge personnalisé », décrit le Dr Cécile Caubel la diabétologue, endocrinologue de l’établissement, spécialisée en éducation thérapeutique du patient. Ici l’hospitalisation dure trois semaines et si rien n’est obligatoire, 95 % des diabétiques participent aux ateliers. C’est le cas de Jean-Luc, 68 ans qui souffre d’un diabète de type 2 depuis 20 ans. « C’est la quatrième fois que je viens ici, raconte-t-il. « Et à chaque fois que je rentre à la maison, je reprend de bonnes habitudes, je garde la motivation et le contrôle sur mon diabète pendant une bonne année. C’est beaucoup plus efficace que trois séances d’éducation thérapeutique d’affilée à l’hôpital », assure-t-il. Ce matin, il assiste à l’atelier animé par Magali Cochard-Fouache, infirmière spécialisée en éducation thérapeutique et consacré aux complications possibles liées au diabète. Après un rapide état des lieux pour évaluer l’état des connaissances de chacun, la soignante rappelle tous les risques possibles et les précautions à prendre : pieds, reins, cœur, problèmes dentaires, gestion des hyper et hypoglycémies, mais aussi effets possibles du diabète sur les nerfs, ou sur la libido… « Mon but, c’est qu’ils soient plus autonomes vis à vis de leur maladie et comme je connais le cas de chacun, je passe des messages personnalisés », confie l’infirmière. Au fil de la séance, elle veille aussi à repérer les fragilités éventuelles pour dédramatiser les situations. « Ces complications ne sont pas systématiques, rappelle-t-elle, le but est plutôt que vous repériez les situations à risques pour mieux les appréhender. »

« Ici j’ai pris conscience que je négligeais mon diabète au quotidien », reconnaît une patiente. « Venir ici me permet de voir facilement tous les spécialistes alors qu’en ville, je mets plusieurs mois avant d’obtenir un rendez-vous chez l’ophtalmologiste, ou le cardiologue », décrit aussi Jean-Luc.

Les patients parlent aux patients

Au fil des ans, la clinique a mis au point un vaste programme d’ateliers régulièrement enrichi pour répondre aux attentes des patients. Qu’est ce que le diabète ? Comment je le soigne et comment je le surveille ? Quelles sont les complications potentielles ? Quels sont les effets du sport sur le diabète ? diabète et alimentation, diabète et sexualité et comment préparer mon retour à la maison... « Ce qui est innovant et extrêmement bénéfique pour les patients, c’est que nous avons décidé d’ouvrir ces ateliers à des non soignants pour être en mesure de proposer une prise en charge pluridisciplinaire, décrit le Dr Caubel, ainsi une diététicienne, une assistante sociale, un professeur de sport et des patients experts animent certains ateliers. » Encore peu développée ailleurs, cette prise en charge est menée en partenariat avec le CHU de Toulouse, l’association française des diabétiques (AFD) et le réseau diabète Midi-Pyrénées (DIAMIP) qui se charge notamment de la formation des animateurs.

De notre correspondante Béatrice Girard

Source : Le Quotidien du médecin: 9605