Faire mieux après un cancer du sein

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Publié le 07/10/2022
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L’accompagnement des patientes en post-cancer du sein est aujourd’hui bien codifié. Si la fréquence du suivi et les traitements sont bien connus, d’autres paramètres tels que la prise en compte des effets secondaires qu’ils induisent méritent d’être améliorés.
Les patientes devront effectuer une mammographie annuelle à vie

Les patientes devront effectuer une mammographie annuelle à vie
Crédit photo : phanie

Le suivi des patientes ayant été traitées pour un cancer du sein dépend du type de cancer et du traitement prescrit. Celles qui ont bénéficié d’une radiothérapie doivent consulter un radiothérapeute une fois par an, pendant cinq ans. Celles qui ont eu une chimiothérapie doivent être suivies par l’oncologue, le chirurgien et le radiothérapeute, tous les quatre mois pendant deux ans, puis deux fois par an, jusqu’à cinq ans. Quant à celles qui ont été uniquement traitées par chirurgie, elles bénéficient en pratique d’un suivi exclusif par le chirurgien.

« La fréquence de suivi pour les patientes ayant été traitées par l’association chirurgie/radiothérapie ou par chirurgie seule est identique : elles doivent consulter les spécialistes deux fois par an pendant cinq ans », souligne la Dr Christine Rousset-Jablonski, gynécologue médicale au Centre Léon Bérard à Lyon. Ensuite, toutes les patientes, quel que soit leur traitement, doivent garder une mammographie annuelle à vie. 

Un relais du généraliste et du gynécologue

Dans une grande majorité des cas, le suivi post-cancer du sein est effectué en alternance avec le médecin traitant ou le gynécologue qui suit la patiente. Ces professionnels de santé peuvent voir ces patientes une fois par an, dans le cadre d’une consultation dédiée au suivi du cancer. « Les consultations de suivi effectuées par les médecins ayant traité le cancer ne permettent pas toujours de faire le point sur l’état de santé des patientes, de façon exhaustive. Ces dernières ont parfois l’impression de ne pas être bien entendues. Certains sujets ne sont parfois pas assez abordés », souligne la Dr Rousset-Jablonski. Cela peut être le cas, par exemple, des effets secondaires induits par l’hormonothérapie (le tamoxifène ou les anti-aromatases) après un cancer du sein. Des consultations plus longues, effectuées par le généraliste ou le gynécologue, peuvent être l’occasion d’échanger sur ce type de sujet, et de faire le lien avec l’équipe oncologique. 

Les problèmes d’observance liés aux effets secondaires de l’hormonothérapie ne sont pas rares : « c’est un sujet crucial qu’il faut absolument aborder avec les patientes. Il faut prendre en charge ces effets secondaires et informer sur la nécessité de bien suivre le traitement par hormonothérapie », insiste la spécialiste.

Des effets secondaires parfois tabous

Les effets secondaires dont les patientes sous tamoxifène se plaignent le plus sont les bouffées de chaleur. Le risque thrombo-embolique et celui de voir survenir un cancer de l’endomètre ne doivent pas non plus être négligés. Un bilan biologique (évaluation lipidique et glucidique, notamment) et une ostéodensitométrie à l’initiation du traitement sont indispensables. Outre le risque d’ostéoporose et de douleurs musculo-articulaires, les syndromes génitaux urinaires et, notamment, la sécheresse vaginale, sont des effets secondaires répandus chez les patientes. Celles-ci n’osent pas toujours en parler à leur oncologue.

« Le fait de proposer un suivi en alternance avec le médecin traitant ou le gynécologue qui les connaît bien permet de délier les langues. Il est très important d’en parler, car il existe des traitements efficaces pour améliorer le confort intime de la femme », explique la Dr Rousset-Jablonski.

Dans les services de cancérologie, la prise en charge en oncosexologie se développe de plus en plus : en 2021, l’Institut national du cancer (INCa) a reconnu son caractère indispensable dans le cadre de la prise en charge globale des patientes après cancer du sein.

Soutien psychologique

La prise en charge psychologique n’est pas organisée de façon systématique. « Mais toutes les équipes médicales suivant les patientes pour un cancer du sein sont en lien avec des psychologues et des psychiatres pouvant proposer une consultation, si nécessaire », note la Dr Rousset-Jablonski. Néanmoins, les psycho-oncologues des hôpitaux ne proposent généralement pas de suivi sur le long terme. Lorsqu’un travail psychologique en profondeur est nécessaire, il doit être effectué à l’extérieur de l’établissement, souvent par des psychologues ou psychiatres libéraux.

Enfin, les problèmes de fertilité, induits par les traitements du cancer, peuvent perturber et parfois déprimer les patientes. Aujourd’hui, tous les centres de suivi du cancer proposent des consultations en oncofertilité, pour permettre aux femmes de préserver leur fertilité, dans la mesure du possible. 

Exergue : « Les problèmes d’observance liés aux effets secondaires de l’hormonothérapie doivent systématiquement être abordés avec les patientes »

Entretien avec la Dr Christine Rousset-Jablonski (Lyon)

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Le Quotidien du médecin