Les femmes enceintes ne pratiquent pas assez d’activité physique

Par
Publié le 07/10/2022
Article réservé aux abonnés
Durant la grossesse, l’activité physique diminue, en durée et en intensité. Sa pratique est pourtant fortement recommandée pour la santé de la mère et de l’enfant à naître.
Des activités d’endurance, complétées dans l’idéal par du renforcement musculaire

Des activités d’endurance, complétées dans l’idéal par du renforcement musculaire
Crédit photo : phanie

Les femmes ont de nombreuses idées reçues sur la question de l’activité physique pendant la grossesse. « Elles pensent souvent à tort qu’elle peut engendrer des fausses couches, des contractions ou un accouchement prématuré. Certaines ont peur de faire mal au fœtus », souligne Céline Depont-Roger, sage-femme à l’hôpital Paule de Viguier, CHU de Toulouse. Ces préjugés ont la vie dure. Le médecin généraliste, le gynécologue, la sage-femme et tous les professionnels de santé qui entourent la femme enceinte doivent l’informer des bénéfices d’une activité physique régulière et adaptée à son état de santé. « Entre 20 et 40 ans, les femmes pratiquent moins d’activité physique que les hommes. Ce phénomène est notable lors de la grossesse, mais aussi durant les premières années de vie des enfants. En général, elles augmentent la durée de l’activité physique lorsque les enfants entrent au primaire ou au collège », précise Céline Depont-Roger.

Au moins 150 minutes par semaine

L’intérêt de l’activité physique à tous les âges de la vie n’est plus à démontrer. Le fait de se maintenir en mouvement est particulièrement important durant la grossesse. « Comparée aux pays anglo-saxons, la France a longtemps été en retard sur le sujet », confie Céline Depont-Roger. En 2019, la Haute Autorité de Santé (HAS) a émis des recommandations relatives à la prescription d’activité physique et sportive pendant la grossesse et en post-partum. D’après ces dernières, « la pratique d’une activité physique doit être conseillée à toutes les femmes enceintes, avec un volume de 150 minutes par semaine (soit un minimum de 30 minutes d’activité physique à intensité modérée, sur 3 à 5 jours par semaine), qui doit être adapté à l’état de santé, à la condition physique et à l’évolution de la grossesse. »

L’activité physique conseillée pour la femme enceinte est la même que celle recommandée pour la population générale adulte. « Pendant la grossesse, il faut privilégier les activités de type aérobie ou d’endurance : marche, natation, vélo stationnaire, activités à faible impact et aquagym », conseille Céline Depont-Roger. La course à pied, le jogging et la musculation ne doivent pas être systématiquement interdits, mais nécessitent un avis favorable d’un obstétricien et une adaptation. « Les activités d’endurance doivent, dans l’idéal, être complétées par du renforcement musculaire (deux à trois fois par semaine) et des étirements (une à deux fois par semaine) », indique Céline Depont-Roger.

Même à petite dose

Les femmes qui n’ont pas l’habitude de pratiquer une activité physique peuvent la fractionner, tout au long de la journée. Le volume recommandé peut être atteint progressivement. Par exemple, 15 minutes deux fois par jour. « Certaines femmes ne peuvent pas atteindre ces recommandations pour des raisons de santé. Même dans ce cas, mieux vaut pratiquer peu d’activité physique que de rester inactive », rappelle Céline Depont-Roger. Par ailleurs, la HAS recommande fortement aux femmes habituellement inactives et/ou sédentaires — et aux femmes en surpoids ou obèses — de se remettre en mouvement avant le début de la grossesse.

Les bénéfices de l’activité physique sur la santé de la femme enceinte sont certains. Le volume recommandé par la HAS contribue à réduire le risque de prééclampsie, d’hypertension artérielle gestationnelle, de dépression prénatale et de macrosomie. L’entraînement physique améliore par ailleurs la capacité cardiorespiratoire de la femme enceinte (+ 6 à 8 ml/min/kg de VO2 max par rapport à des femmes enceintes inactives). Quant aux douleurs lombaires et pelviennes, elles peuvent diminuer en intensité grâce à l’activité physique.

Enfin, si certains troubles et maladies nécessitent un avis médical avant la pratique de l’activité physique, certaines situations (travail prématuré, saignement vaginal, prééclampsie, béance du col utérin et cerclage, maladies cardiovasculaires et pulmonaires aiguës ou chroniques…) la contre-indiquent de façon absolue.

Exergue : Les femmes ne reprennent le sport que quand les enfants sont grands

Entretien avec Céline Depont-Roger, sage-femme (CHU de Toulouse)

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Le Quotidien du médecin