Covid : l’efficacité des vaccins ARNm

Par
Publié le 08/04/2022
Article réservé aux abonnés
La vaccination anti-Covid, par deux à trois doses et un rappel, confère une large réponse humorale et cellulaire, avec des anticorps de bonne qualité et des lymphocytes B d’autant plus variés que les doses ont été nombreuses.
Les anticorps vaccinaux sont aussi puissants que ceux conférés par l’infection

Les anticorps vaccinaux sont aussi puissants que ceux conférés par l’infection
Crédit photo : phanie

Quelle est la réponse immunitaire à l’infection par le Covid-19, variants Delta et Omicron, des personnes ayant bénéficié d’une vaccination anti-Covid-19 à ARNm (Moderna ou Pfizer), par comparaison à des sujets précédemment infectés par le Covid-19 ? Telle est la question centrale, examinée par l’étude présentée en avant-première à la Croi par Frauke Muecksch (Université Rockfeller, New York, États-Unis).

L’étude s’est penchée, en détail, sur les réponses spécifiques, tant humorales que cellulaires, à l’infection à Covid-19 après une, deux voire trois doses vaccinales, plus un rappel (1). Ces réponses ont été comparées, non seulement entre elles, mais aussi aux réponses immunitaires humorales et cellulaires « naturelles », observées après infection spontanée à Covid-19.

Au total, ces données confirment que le nombre d’injections vaccinales (doses et rappel) pèse sur la hauteur et l’évolution dans le temps des titres en anticorps (Ac) anti-Covid-19. Ce qui atteste, en somme, d’une efficacité vaccinale évoluant de façon très classique. Cerise sur le gâteau, l’analyse montre par ailleurs que la réponse cellulaire induite par le vaccin est large. L’activité des LB mémoires spécifiques post-vaccination s’avère en effet à la fois prolongée dans le temps et large, c’est-à-dire avec de multiples clones. Cette réponse est, certes, moins polyclonale qu’après une infection à Covid-19, mais la diversité des LB mémoires post-vaccination est plus importante qu’on ne l’espérait.

En somme, la vaccination, en particulier le schéma complet associant deux voire trois doses à un rappel, donne des taux d’Ac neutralisants et une variété de cellules LB mémoires très satisfaisants. Ce qui laisse présager une certaine robustesse de ces vaccins face à divers variants du Covid-19, comme c’est déjà le cas pour le nouveau variant Omicron.

Une cohorte de patients naïfs et vaccinés

Les 43 patients inclus dans l’étude n’avaient initialement jamais été en contact avec le Covid-19. Ils ont 32 [23-78] ans d’âge moyen. Ils ont été vaccinés par deux à trois doses, plus un rappel. L’évolution de leurs titres en Ac neutralisants ainsi et des LB mémoires spécifiques a été suivie et examinée 1 à 3 mois après la deuxième dose, 5 mois après la 3e et 1 mois après le rappel. Ce suivi met en évidence une décroissance des titres en Ac au cours du temps. Une 3e dose ou un rappel restaurent aisément ces taux. Ces Ac sont actifs/neutralisants à la fois sur la souche Delta et Omicron. Enfin, une portion non négligeable de ces Ac monoclonaux post 3e dose sont très puissants. Ils neutralisent des virus Delta ou Omicron dès une faible concentration (titre bas). Ils ont donc une puissance comparable à celle des Ac neutralisants générés par une infection à Covid-19.

La 3e dose induit aussi une augmentation des LB-RBDR (receptor-binding determining region), des LB mémoires spécifiques. Et ceux-ci produisent des Ac à la fois plus variés (mutations somatiques) et plus actifs (activité neutralisante), par comparaison aux LB mémoires post 2e dose.

En somme, au fur et à mesure de l’augmentation des injections vaccinales, la réponse LB spécifique s’élargit et s’amplifie.

Exergue : « La vaccination donne lieu à de multiples clones lymphocytaires B »

(1) F Muesche et al. Sars-CoV-2 antibody responses in individuals following mRNA booster vaccination. Croi 2022, Abs. 125

Pascale Solère

Source : Le Quotidien du médecin