Repérer les troubles respiratoires du sommeil

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Publié le 09/09/2022
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Chez les nouveau-nés et les nourrissons, le syndrome d’apnée obstructive du sommeil n’est pas si rare et son diagnostic est essentiel car il pourrait entraîner des conséquences à plus long terme.

Les troubles respiratoires du sommeil comprennent principalement l’apnée obstructive du sommeil (AOS) et l’apnée centrale du sommeil. La polysomnographie et l’indice d’apnée hypopnée (IAH) permettent de diagnostiquer et de déterminer la gravité des troubles. Chez des enfants par ailleurs en bonne santé, la prévalence de l’AOS est estimée entre 1 à 4 %. Mais les enfants obèses ou atteints de troubles complexes tels que le syndrome de Down ou de Prader-Willi ont une prévalence significativement plus élevée.

« De nombreux facteurs peuvent expliquer l’AOS chez les nouveau-nés et les nourrissons, notamment une faible capacité résiduelle fonctionnelle (CRF), les prédisposant à la désaturation avec obstruction des voies respiratoires supérieures. De plus, ils passent beaucoup plus de temps à dormir (surtout en sommeil paradoxal) que les enfants plus âgés ou les adultes. La capacité réduite à éliminer les sécrétions des voies respiratoires et le reflux gastro-œsophagien contribuent également à l’apparition de l’AOS », explique la Pr Refika Ersu (Ottawa, Canada).

Nombreuses prédispositions

Les pathologies sous-jacentes telles que les anomalies craniofaciales (hypoplasie maxillaire, micrognathie), les anomalies laryngées (laryngomalacie, sténose sous-glottique) et les affections neurologiques et neuromusculaires (paralysie cérébrale, myopathie congénitale) exposent à un risque accru d’AOS. L’obésité est un facteur de risque important de persistance et de récurrence de l’AOS.

L’immaturité du système nerveux central provoque une augmentation de la fréquence des apnées centrales chez les nouveau-nés, qui diminue avec l’âge. Dans une étude prospective portant sur des nourrissons nés à terme, ou proches du terme, et nécessitant des soins intensifs, 50 % ont présenté des apnées du sommeil : la plupart des évènements respiratoires étaient des hypopnées et les apnées centrales étaient plus fréquentes que les apnées obstructives (1).

La naissance prématurée est aussi un facteur de risque : jusqu’à 80 % des prématurés ont un AOS diagnostiqué avant l’âge de 2 ans (2).

La prise en charge varie en fonction de la cause sous-jacente et de la gravité des troubles. Les anomalies laryngées peuvent bénéficier d’interventions chirurgicales, par exemple la supraglottoplastie pour la laryngomalacie sévère. Les apnées centrales causées par l’immaturité du contrôle respiratoire peuvent être traitées par de l’oxygène chez les nourrissons à terme.

Risque de troubles comportementaux

Un sommeil de bonne qualité est important pour la croissance, le comportement et l’apprentissage. Les troubles respiratoires du sommeil entraînent une fragmentation du sommeil et des anomalies des échanges gazeux. Ils peuvent ainsi être responsables d’un retard de croissance, de troubles comportementaux et de difficultés scolaires. Cependant, seules quelques études ont évalué le pronostic à long terme des enfants souffrant de troubles du sommeil et elles sont parfois contradictoires.

Les symptômes d’AOS entre l’âge de 6 et 18 mois seraient associés à un risque d’hyperactivité à l’âge de 7 ans. Une autre étude, chez des enfants âgés de 3 ans, montre une altération de la fonction cognitive. Une étude longitudinale a montré que, bien que les symptômes de troubles respiratoires du sommeil rapportés par les parents aient culminé à l’âge de 6 mois et aient ensuite disparu, les enfants avaient des scores comportementaux faibles à 4 et 7 ans, par rapport aux témoins (3). Ces études suggèrent que le développement du cerveau pourrait pâtir des troubles respiratoires du sommeil à un jeune âge.

Communication de la Pr Refika Ersu (Ottawa, Canada) « Sleep Disordered Breathing in Neonates and Infants: Long‐Term Consequences » 

(1) Meerkov MS et al. Pediatr Pulmonol 2019;54:557-62

(2) Sadras I et al. J Clin Sleep Med 2019;15:1731-6

(3) Bonuck K et al. Pediatrics 2012;129:857-65

Dr Christine Fallet
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Source : Le Quotidien du médecin