Covid long, encore de nombreuses inconnues

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Publié le 30/09/2022
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Les symptômes prolongés à la suite d’un Covid-19 sont mieux connus. Cependant de nombreuses questions persistent, notamment concernant leur réelle épidémiologie, leur physiopathologie et leur prise en charge. Un sujet longuement abordé au congrès.
Les programmes à distance ont montré une efficacité intéressante

Les programmes à distance ont montré une efficacité intéressante
Crédit photo : phanie

Il est parfois difficile de définir clairement le Covid long, dont les symptômes peuvent se chevaucher avec le syndrome post-soins intensifs (Pics), se manifestant par l’apparition de symptômes chez des patients ayant séjourné de façon prolongée en unité de soins intensifs (USI). Ces symptômes sont fréquents et peuvent persister longtemps. Dans une étude récente (1) sur 246 patients ayant séjourné en soins intensifs pour Covid-19 et suivis pendant un an, 74 % présentaient des troubles physiques (21 % de la dyspnée), 56 % de la fatigue et 26 % des problèmes psychologiques. Ces symptômes peuvent être très sévères.

Dans une autre étude (2), un an après séjour en USI, 26 % des patients présentaient une fatigue sévère, 18 % de l’insomnie, 16 % des troubles cognitifs et 7 % de la dépression. Une métaanalyse de 41 études (3) a estimé la prévalence globale du Covid long à 0,43 (IC95 [0,39-0,46]), 0,54 chez les patients hospitalisés et 0,34 chez les non-hospitalisés. Les chiffres sont très variables.

Ne pas sous-estimer, ni surestimer

L’OMS a proposé une définition du Covid long : il survient chez les personnes ayant eu une infection confirmée ou probable par le Sars-CoV-2, généralement trois mois après l’apparition du Covid-19, avec des symptômes qui durent au moins deux mois et ne peuvent être expliqués par un autre diagnostic.

Les symptômes les plus fréquents sont la fatigue, l’essoufflement, les troubles cognitifs mais aussi de nombreux autres, qui affectent généralement le quotidien. Ils peuvent apparaître rapidement après le rétablissement initial de l’épisode aigu, ou persister après la maladie initiale. Ces symptômes sont polymorphes et peuvent évoluer de façon fluctuante. Ils peuvent survenir même chez des patients ayant fait des formes peu sévères.

Il faut éliminer une complication de la phase aiguë, une décompensation de comorbidité. Le taux de plaintes cognitives subjectives est plus élevé que celui des troubles objectivés. « Il faut bien faire la part des choses, et la prise en charge est complexe, souligne la Dr Tracy Vannorsdall (Baltimore, États-Unis). On associe généralement un traitement pharmacologique et un soutien psychologique. »

L’efficacité de la réhabilitation

Il est désormais établi que la réhabilitation est un élément essentiel de la prise en charge des symptômes persistants post Covid-19. De nombreux programmes, très différents, plus ou moins classiques ont été présentés.

C’est le cas d’un essai qui a évalué l’impact d’un programme de respiration et de bien-être en ligne (4). 150 patients, dont 81 % de femmes (moyenne d’âge 49 ans) ont été inclus, 320 ± 127 jours après l’infection à Sars-CoV-2. La moitié a bénéficié d’un réentrainement respiratoire fondé sur le chant en vidéoconférence. L’intensité de la dyspnée et la composante mentale de la qualité de vie ont été significativement améliorées. L’activité a été bien perçue, agréable et complémentaire aux soins standards.

Un autre programme numérique de réhabilitation, délivré via un site internet dédié, centré sur la gestion des symptômes et l’activité physique a également montré son efficacité (5). De nombreux travaux sont en cours pour mieux définir les modalités d’un programme de réhabilitation.

Sessions « Post-critical care long Covid : reducing the physical and emotionnal toll. » et « Occupationnal Covid-19 : current and future impact » 

(1) Heesakkers H et al. Prevalence of symptoms in people one year post Covid 19 ICU admission. Jama 2022 ; 327(6):559-65

(2) Latronico N. Post hospital care & outcomes. Thorax 2022 Mar;77(3) : 300-3

(3) Chen et al. Global prevalence of post Covid-19 condition or long covid : a meta-analysis and systematic review. J Infect Dis. 2022 apr 16;JIAC 136

(4) ERS 2022. OA 135. Keir P et al. Impact of an online breathing and wellbeing programme (ENO Breathe) in people with persistent symptoms following Covid-19: a randomised controlled trial

(5) ERS 2022. PA 364. Gardiner N. Early experiences of the your « Covid recovery » programme for individuals with lond Covid

Dr Christine Fallet

Source : Le Quotidien du médecin