La dépression du post-partum en hausse

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Publié le 17/02/2023
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En 2021, une femme sur six a présenté des signes de dépression post-partum deux mois après l’accouchement. Un chiffre inquiétant, qui souligne l’importance de la prévention et du soutien des femmes en période périnatale.
Il faudra définir les profils de femmes les plus à risque

Il faudra définir les profils de femmes les plus à risque
Crédit photo : phanie

La communication de la Dr Sarah Tebeka (Hôpital Louis Mourier, Ap-Hp, Colombes) sur « La dépression, l’anxiété et les idées suicidaires à deux mois du post-partum à partir des données de l’Enquête nationale périnatale [ENP] 2021 » a reçu le Prix du Congrès.

L’enquête ENP de 2021, la sixième depuis 1995, permet de faire un état des lieux complet des pratiques médicales pendant la grossesse et l’accouchement ainsi que des caractéristiques démographiques et sociales des femmes. Elle a été conduite en mars 2021 auprès de 12 723 femmes. Pour la première fois, elle s’est enrichie d’un suivi des femmes deux mois après leur accouchement, avec un intérêt particulier porté à leur santé mentale. L’objectif était d’estimer la prévalence de la dépression, de l’anxiété et des idées suicidaires deux mois après l’accouchement.

La dépression du post-partum peut entraîner des conséquences délétères, tant sur la mère que sur le nouveau-né (déficit cognitif, troubles du langage ou du sommeil, risque accru de troubles psychiatriques, etc.). Rappelons que ce trouble n’a rien à voir avec le baby blues, qui est un évènement transitoire, la semaine qui suit l’accouchement, et qui dure de sept à dix jours.

Deux femmes sur cinq anxieuses

Les données ont porté sur 7 133 femmes majeures accouchées en France et ayant complété les dix items de l’auto-questionnaire Edinburgh postnatal dépression scale (EPDS). La part des femmes ayant consulté un professionnel de santé pour des difficultés psychologiques en cours de grossesse est en augmentation (8,9 % en 2021, contre 6,4 % en 2016).

Deux mois après l’accouchement, 16,7 % (IC95 [15,7-17,7]) des femmes présentent une dépression post-partum (EPDS ≥ 13). Parmi celles-ci, 83,2 [80,6-85,7] % présentaient également une symptomatologie anxieuse et 23,8 [12,1-26,9] % des idées suicidaires.

L’anxiété touchait au total 27,6 [26,5-28,8] % des femmes de la cohorte et les idées suicidaires 5,4 [4,7-6,1] %.

Il a été relevé une disparité régionale importante, pour la dépression post-partum comme pour l’anxiété, avec une prévalence variant de 11,5 % en Bourgogne Franche-Comté à 21,6 % en Centre-Val-de-Loire concernant la dépression post-partum, et de 22 % en Normandie à 33,6 % en Centre-Val-de-Loire pour ce qui était de l’anxiété.

Un rôle du Covid ?

Il faut toutefois noter que l’enquête de terrain s’est déroulée au cours de la troisième vague de la pandémie de Covid-19, et ce contexte particulier doit être pris en compte pour l’interprétation de certaines évolutions décrites dans le rapport. Mais il n’a pas été possible d’expliciter formellement les liens éventuels entre la dégradation de la santé mentale périnatale et celle de la population générale, liée au contexte pandémique.

Cependant, ces résultats sont en accord avec les données internationales publiées. Ils soulignent le caractère fondamental des politiques de prévention, de repérage et de soutien des femmes en période périnatale, à travers par exemple les entretiens pré et postnataux. D’autres analyses permettront de définir les profils des femmes les plus à risque. Il existe en effet de nombreux facteurs de vulnérabilité.

Exergue : Les entretiens pré et postnataux doivent permettre de renforcer la prévention

Session « Prix du Congrès »

Dr Christine Fallet

Source : Le Quotidien du médecin