LA PRÉVALENCE de la goutte n’était jusqu’alors pas connue en France. Des études réalisées dans des pays d’Europe et aux États-Unis ont rapporté une prévalence de 1,4 à 3,9 % dans les pays occidentaux, chiffres probablement surestimés par ces enquêtes déclaratives ou analyses de base de données des médecins généralistes.
« Dans un premier temps, nous avons mis au point un outil capable de faire avec une forte probabilité le diagnostic de goutte et administrable par un non-médecin, expose le Pr Thomas Bardin. Pour ce faire, nous avons élaboré un questionnaire, dont les performances ont été analysées dans une étude cas-témoins : 102 patients avec un diagnostic de goutte attesté par la présence de microcristaux dans le liquide articulaire et 142 témoins ». Ceci a permis par analyse en régression logistique de retenir 11 paramètres pertinents (avec deux équations linéaires et un arbre décisionnel) pour porter le diagnostic de goutte avec une sensibilité et une spécificité proches de 90 %. Ce questionnaire a dans un deuxième temps été administré par téléphone par des non-médecins auprès d’un échantillon aléatoire représentatif de la population vivant en France métropolitaine jusqu’à l’obtention de 10 000 réponses. Quelque 373 sujets ont déclaré avoir eu au moins un épisode de douleur articulaire aiguë périphérique non traumatique, chez lesquels, grâce à un algorithme, le diagnostic de goutte a pu être posé de 84 à 102 fois. Des données qui font estimer la prévalence de la goutte à 0,9 % de la population adulte (0,8 %-1,1 %). « Ce travail a montré que lorsque l’on prend comme seul critère diagnostic le fait de répondre positivement à la question : « Vous a-t-on dit que vous aviez de la goutte », le risque d’erreur est important », note le Pr Bardin. Il souligne également la fréquence de la goutte, bien supérieure à celle de la polyarthrite rhumatoïde ou de la spondylarthrite ankylosante. Enfin, « il n’a pas été observé de disparités régionales, contrairement à la PR où il existe un gradient sud nord », conclut le Pr Bardin.
D’après un entretien avec le Pr Thomas Bardin, hôpital Lariboisière (Paris).
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