Douleur de l’arthrose

Définir un seuil « acceptable » pour le patient.

Publié le 22/04/2013
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SELON les données épidémiologiques disponibles, l’arthrose atteindrait plus de la moitié des personnes de plus de 65 ans et 85 % des plus de 70 ans. À l’âge de 55 ans, 5 % des individus ont une arthrose du genou (1). Au total, plus de 6 millions de Français sont atteints par cette pathologie, dont le coût a été estimé à 1,8 milliard d’euros en 2003. Chez les personnes âgées, elle constitue la première cause de douleur et de handicap. Par ailleurs, l’intensité du phénomène douloureux dans l’arthrose n’est pas corrélée à l’importance des lésions radiographiques (2). Elle est associée en revanche à l’état mental du patient (3). Différentes modalités d’évaluation de l’intensité de la douleur sont possibles, visuelle analogique, analogique, verbale simple… Des questionnaires ont également été mis au point, avec succès (4). Mais il est également essentiel de tenir compte du retentissement du phénomène douloureux arthrosique sur la qualité de vie, ainsi que d’un élément essentiel, l’horaire du questionnaire. Ainsi, il semble pertinent de recueillir l’évaluation de la sensation douloureuse non pas plusieurs fois par jour, mais une seule fois seulement, en s’enquérant de l’intensité de la douleur moyenne perçue dans la journée, ou encore de la douleur la plus intense, et non celle de la douleur au repos (5, 6). Les résultats de ces évaluations, habituellement exprimés sous forme de variables quantitatives et valables à l’échelle d’un groupe comme dans un essai clinique par exemple, devraient en réalité être transformés en « amélioration notable pour les patients ». Cela suppose de fixer un seuil de douleur cliniquement significatif permettant d’établir le succès ou l’échec thérapeutique (7). En dessous de ce seuil, il peut être défini un « État symptomatique acceptable pour le patient » (PASS) qui traduit l’opinion du patient sur son état symptomatique (8).

D’après la communication du Dr Dominique Pérocheau (Hôtel-Dieu, Paris)

(1) Guillemin F, Rat AC, Mazieres B, et al. Prevalence of symptomatic hip and knee osteoarthritis : a two-phase population-based survey1. Osteoarthritis Cartilage 2011;19(11):1314-22.

(2) Dieppe PA. Relationship between symptoms and structural change in osteoarthritis : what are the important targets for therapy? J Rheumatol 2005;32(6):1147-9.

(3) Wise BL, Niu J, Zhang Y, Wang N, et al. Psychological factors and their relation to osteoarthritis pain. Osteoarthritis Cartilage 2010;18(7):883-7.

(4) Hawker GA, Davis AM, French MR, et al. Development and preliminary psychometric testing of a new OA pain measure – an OARSI/OMERACT initiative. Osteoarthritis Cartilage. 2008;16(4):409-14.

(5) Allen KD, Coffman CJ, Golightly YM, et al. Daily pain variations among patients with hand, hip, and knee osteoarthritis. Osteoarthritis Cartilage 2009;17(10):1275-82.

(6) Perrot S, Rozenberg S, Moyse D, et al. Cercle d’étude de la douleur en rhumatologie. Comparison of daily, weekly or monthly pain assessments in hip and knee osteoarthritis. A 29-day prospective study. Joint Bone Spine 2011;78(5):510-5.

(7) Tubach F, Wells GA, Ravaud P, et al. Minimal clinically important difference, low disease activity state, and patient acceptable symptom state: methodological issues. J Rheumatol 2005 Oct;32(10):2025-9.

(8) Perrot S, Bertin P. "Feeling better" or "feeling well" in usual care of hip and knee osteoarthritis pain: determination of cutoff points for patient acceptable symptom state (PASS) and minimal clinically important improvement (MCII) at rest and on movement in a national multicenter cohort study of 2414 patients with painful osteoarthritis. Pain 2013;154(2):248-56.

DR GÉRARD BOZET

Source : Le Quotidien du Médecin: 9236