Pathologies rhumatologiques

Quelle place pour le thermalisme ?

Publié le 22/04/2013
Article réservé aux abonnés

ENVIRON 500 000 patients ont recours chaque année à la médecine thermale, le plus souvent prescrite sous forme de cure de trois semaines dans la prise en charge des maladies chroniques, en accompagnement d’un traitement classique ou en prévention de complications. Globalement, la rhumatologie constitue la première orientation thermale en fréquentation et représente près de 390 000 cures remboursées par l’Assurance-maladie en 2003. L’évaluation du thermalisme rhumatologique est de plus en plus fondée sur des essais cliniques randomisés (1) et dispose ainsi d’un meilleur niveau de preuve scientifique. Des recommandations professionnelles en rhumatologie ont été élaborées depuis 2000, à partir d’une analyse des niveaux de preuves scientifiques disponibles et d’avis d’experts. La place du thermalisme ou de l’une de ses composantes thérapeutiques a été précisée dans les recommandations de l’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé puis de la Haute autorité de santé (HAS) et, au niveau européen, dans celles de l’European League Against Rheumatism (2). Les curistes sont pour la plupart des douloureux chroniques ; ils sont le plus souvent « motivés » et demandeurs de cette prise en charge. Les douleurs causales sont mécaniques dans 90 % des cas environ et sont souvent liées à une arthrose ; les patients atteints de syndrome fibromyalgique, très minoritaires, sont néanmoins de plus en plus nombreux. Le mécanisme par lequel le thermalisme soulage les patients n’est pas univoque. Les propriétés de l’eau, la chaleur, antalgique et myorelaxante, les techniques physiques associées, massages et bains, la relation médecin thermal malade ainsi que l’effet-cure, qui associe répétition des soins, repos, changement de vie, prise en charge non spécifique et psychosociale, sont autant d’éléments évoqués. Un effet placebo peut également être discuté. Ainsi, dans la lombalgie chronique commune, les recommandations de l’ANAES publiées en 2000 (3) sont fondées sur l’analyse de 5 essais cliniques. Celle-ci met en évidence un effet favorable de la cure thermale, avec une amélioration significative de la douleur, de la consommation d’antalgiques et d’AINS, de la fonction et de la qualité de vie. La rémanence de cet effet varie de 3 à 9 mois en fonction des études. Les recommandations concluent que le thermalisme peut être proposé dans la prise en charge du lombalgique chronique en raison de son effet antalgique et de sa contribution à la restauration de la fonction. Outre la lombalgie chronique, la plupart des indications rhumatologiques ont ainsi été évaluées  : la cervicalgie chronique, la gonarthrose, la coxarthrose, l’arthrose digitale, la polyarthrite rhumatoïde, la spondylarthrite ankylosante, le rhumatisme psoriasique et la fibromyalgie. Les résultats de ces évaluations sont en faveur des traitements thermaux, avec un effet symptomatique rémanent d’une durée de plusieurs mois sur la douleur, la consommation d’antalgiques et d’AINS, le handicap et la qualité de vie (2). Par ailleurs, des ateliers d’éducation sanitaire organisés dans le cadre des cures thermales pourraient améliorer la prise en charge des patients souffrant de pathologies rhumatismales chroniques (4).

D’après la communication du Dr Alain Françon (centre de recherches rhumatologiques et thermales, Aix-les-Bains)

(1) Forestier R, Françon A. Crenobalneotherapy for limb osteoarthritis  : Systematic literature review and methodological analysis. Joint Bone Spine. 2008 ;75(2): 138- 48.

(2) Françon A, Forestier R. Thermalisme rhumatologique en 2008  : état des lieux des évaluations par essai clinique randomisé et place dans les recommandations professionnelles de la Haute autorité de santé et de l’European League Against Rheumatism. Press Therm Climat. 2008 ;145:23-39.

(3) Diagnostic, prise en charge, et suivi des malades atteints de lombalgie chronique. ANAES décembre 2010. www. has-sante. fr

(4) Gremeaux V, Benaïm C, Poiraudeau S, et al. Evaluation of the benefits of low back pain patients’ education workshops during spa therapy. Joint Bone Spine. 2013;80(1) 82-7.

 Dr GÉRARD BOZET

Source : Le Quotidien du Médecin: 9236