Traumatismes graves

Les enjeux du triage pré-hospitalier

Publié le 06/06/2013
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CES DERNIÈRES années ont permis de mieux affiner la définition du traumatisé grave. Il s’agit d’un patient soumis à certaines forces lors d’un accident (choc à plus de 30 km/heure, chute de plus de 4 m) qui sont associées à une probabilité élevée d’avoir des lésions internes. Certains paramètres permettent d’apprécier ce risque : état de conscience, qualité de la respiration et de la circulation (rythme cardiaque, pression artérielle) et état des membres.

« Ces patients doivent être adressés directement dans un hôpital spécialisé – " trauma center de niveau 1 "en Ile-de-France par exemple. Les études ont en effet montré que le risque de décès est multiplié par 2 en cas de retard de prise en charge. Dans ce contexte l’" undertriage " est donc délétère et il vaut mieux surestimer la gravité de l’état du patient que l’inverse », insiste le Dr Karim Tazarourte. Il est donc essentiel de bien évaluer la gravité du patient afin de l’orienter correctement. Pour ce faire, les médecins du SMUR peuvent s’aider de scores, tel que le MGAP – développé par Bruno Riou – qui prend en compte le score de Glasgow, la pression artérielle et l’âge, et de l’échographie sur le terrain. Mais une des limites des scores est qu’ils ne donnent pas une bonne image de l’évolutivité. Il faut donc bien analyser l’évolution de certains paramètres comme le rythme cardiaque et se méfier par exemple d’une tachycardie inexpliquée qui peut faire présupposer la nécessité de gestes en urgence.

« Les études épidémiologiques font défaut. Des données en région estiment à environ 25 % le pourcentage de traumatisés crâniens graves mal orientés. Nous manquons actuellement de registres sur la prise en charge pré-hospitalière des traumatisés graves en Ile-de-France, mais le SAMU s’organise actuellement pour mettre en place un registre dans la foulée de celui instauré par plusieurs hôpitaux (Pitié-Salpêtrière, Beaujon et Bicêtre). Nous devons suivre l’exemple de la région Rhône-Alpes, qui est très avancée dans ce domaine », conclut le Dr Tazarourte.

D’après un entretien avec le Dr Karim Tazarourte, pôle SUR, SAMU 77, Melun.

 Dr ISABELLE HOPPENOT

Source : Le Quotidien du Médecin: 9248