Les enseignements des registres

Publié le 06/06/2013
Article réservé aux abonnés

L’ARRÊT CARDIAQUE est un problème de santé publique, très suivi par les instances scientifiques et bénéficiant très régulièrement d’une actualisation des recommandations. « Si nous disposons de nombreuses données scientifiques ponctuelles et portant sur des populations limitées, nous manquons de données épidémiologiques qui nous permettraient de faire évoluer les pratiques », souligne le Pr Pierre-Yves Gueugniaud (Lyon). D’où l’intérêt des registres, largement développés initialement au Japon et aux États-Unis. Parmi les grandes problématiques étudiées, la défibrillation automatisée pour le grand public, où là aussi le Japon fait figure de pionnier, avec largement plus de 100 000 défibrillateurs implantés. Leur intérêt est aujourd’hui démontré, avec un pourcentage de survie multiplié par trois.

Un deuxième enseignement, toujours issu des registres japonais, porte sur les nouvelles techniques de réanimation cardiopulmonaire et plus particulièrement sur la place de la ventilation. Différentes études avaient suggéré une plus grande efficacité du massage cardiaque externe seul qu’associé au bouche-à-bouche. Or les registres montrent, sur des grandes séries, que la ventilation ne doit pas être complètement abandonnée.

Enfin, ces mêmes registres ont pu donner des informations importantes sur les médicaments utilisés pour la réanimation, notamment sur l’adrénaline, peu efficace mais sans réelle alternative.

Le retard français se comble rapidement grâce à RéAC, registre électronique des arrêts cardiaques, créé à partir d’un site web qui avait à l’origine été mis en place pour une étude clinique. Après une période test de quelques mois dans les deux régions à l’origine du projet (Rhône-Alpes et Nord – Pas-de-Calais), le site visant le recueil exhaustif des arrêts cardiaques en France quelles que soient leur cause et leurs circonstances de survenue a été déployé en septembre dernier sur l’ensemble du territoire français.

« Aujourd’hui, près de 60 % des SAMU-SMUR participent au registre, dont la banque de données compte plus de 15 000 patients avec dossier complet », se félicite le Pr Gueugniaud. Les premières analyses confirment déjà les résultats publiés par les Japonais sur l’utilité des défibrillateurs automatisés pour le grand public et sur l’intérêt de la ventilation en association au massage cardiaque externe. Un dossier de recueil spécifique aux arrêts cardiaques intra-hospitaliers est en cours de finalisation pour que cette partie complémentaire du registre puisse être à son tour déployé d’ici la fin de l’année.

Entretien avec le Pr Pierre-Yves Gueugniaud, chef de pôle, directeur médical du SAMU 69 - Centre 15, pôle urgences et réanimation médicale – SAMU, groupement hospitalier Édouard Herriot, Lyon.

 Dr ISABELLE HOPPENOT

Source : Le Quotidien du Médecin: 9248