Recommandations actualisées sur la syncope

Une prise en charge aux urgences mieux codifiée

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Publié le 24/09/2018
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SYNCOPE

SYNCOPE
Crédit photo : Phanie

Les dernières recommandations sur la syncope dataient de 2009. Elles ont été actualisées cette année et largement détaillées en session plénière lors du congrès.

Il s'agit d'une thématique importante pour les praticiens car les syncopes motivent de 1 à 6 % des passages aux urgences et conduisent dans la moitié des cas à une hospitalisation qui n'est pas justifiée chez la majorité des patients.

Le texte accorde ainsi une large place à la conduite à tenir aux urgences et propose une démarche bien codifiée qui permet de déterminer le niveau de risque du patient.

Unité syncope

Les syncopes, définies par une perte de connaissance transitoire secondaire à une hypoperfusion cérébrale, découlent en effet de trois grands types de causes : réflexes, cardiaques et hypotension orthostatique, qui ne sont évidemment pas toutes associées aux mêmes risques. L'évaluation initiale vise donc à éliminer les diagnostics différentiels, comme une perte de connaissance d'origine neurologique, et à évaluer le niveau de risque du patient. Les sujets à faible risque pourront rentrer chez eux après information et réassurance, ceux à risque élevé devront être hospitalisés et ceux à risque intermédiaire devront, après une période de surveillance aux urgences, bénéficier d'explorations complémentaires, idéalement réalisées dans une unité syncope. Ces unités sont de modalités très variables, allant d'un médecin formé à la syncope s'appuyant sur un réseau informel à une équipe pluridisciplinaire avec locaux dédiés, mais leur objectif reste le même : réaliser rapidement le bilan diagnostique sans hospitaliser le patient.

Pour le diagnostic, les experts insistent sur l'utilité de l'enregistrement vidéo de la syncope par l'entourage à l'aide d'un smartphone. Cette mesure, facile à mettre en place, est largement utilisée par les neurologues.

Une autre évolution par rapport à 2009 concerne la prise en charge des syncopes réflexes, qui sont les plus fréquentes. En première intention, la réassurance et les explications données au patient, efficaces dans 90 % des cas, restent de mise. Mais lorsque le sujet reste symptomatique, le groupe d'experts propose de choisir le traitement en fonction de l'âge du patient et de son phénotype : profil hypotendu, traitement antihypertenseur, présence ou absence de prodromes, présence ou absence d'une cardio-inhibition prédominante.

Web addenda, application pour smartphone

L'aspect pédagogique de ces recommandations mérite également d'être souligné, avec notamment un web addenda qui donne accès en ligne à des informations sur les examens complémentaires ou encore à des documents destinés aux patients. Et pour faciliter un accès rapide aux recommandations, une application a été développée avec une quinzaine d'algorithmes. Une version française devrait même être disponible à terme, en accord de la Société française de cardiologie.

D'après la présentation du Pr Michel Brignole (Lavagna, Italie). 
https://academic.oup.com/eurheartj/article/39/21/1883/4939241

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin: 9688