Un catabolisme trop souvent masqué par le surpoids

Dénutrition : le diabète aussi !

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Publié le 23/02/2024
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Les patients diabétiques présentent un risque élevé de dénutrition, souvent dans un contexte d’âge avancé et de comorbidités multiples, parfois même en raison d’une iatrogénie (régimes trop restrictifs, arGLP1). Environ 80 % étant aussi en surpoids ou en obésité, le diagnostic, et donc la prise en charge, s’en trouvent retardés.

L’approche sera pluriprofessionnelle

L’approche sera pluriprofessionnelle
Crédit photo : BURGER/PHANIE

L’approche sera pluriprofessionnelle

L’approche sera pluriprofessionnelle

Plus de quatre millions de patients sont atteints de diabète en France. Ils ont en moyenne 67,6 ans (un quart a plus de 75 ans) ; les comorbidités sources de dénutrition sont fréquentes : insuffisance rénale, cardiaque, neurologique, oncologique, plaies du pied et gastroparésies. « Les patients atteints de diabète sont sujets au catabolisme musculaire en raison de l’insulinorésistance et du déficit insulinosécrétoire. S’y ajoute le rôle facilitateur des régimes excessivement restrictifs et de certains antihyperglycémiants pouvant induire une perte de poids (arGLP1 en particulier), à manipuler avec précautions », a souligné le Pr Patrice Darmon (diabétologue au CHU de Marseille), qui intervenait lors des Journées francophones de nutrition (JFN) en décembre 2023 à Marseille.

Un cercle vicieux avec l’hyperglycémie

Une étude observationnelle multicentrique espagnole a rapporté un taux de 30,1 % de dénutrition parmi les patients diabétiques hospitalisés, avec une absence de prise en charge nutritionnelle dans 73,3 % des cas (1).

L’hyperglycémie majore à la fois le risque de dénutrition – qui multiplie la mortalité par 1,5, voire 2 chez les patients avec une comorbidité – mais aussi les conséquences de la dénutrition, que ce soient les infections, la sarcopénie, le retard de cicatrisation, les escarres, à l’origine d’un allongement de la durée moyenne du séjour et des surcoûts.

Pour autant, il faut garder à l’esprit que les hypoglycémies sont également associées à un risque accru de morbimortalité.

Priorité aux besoins protéinoénergétiques

La prise en charge passe en premier lieu par la couverture des besoins protéinoénergétiques (30-40 kcal/kg, avec 1,2 à 1,5 g de protéines/kg, en utilisant le poids ajusté en cas d’obésité), puis par l’adaptation du traitement du diabète. À l’hôpital, l’insulinothérapie est incontournable. En pratique, introduire un complément nutritif oral est indiqué en cas de dénutrition, même si le diabète est déséquilibré, de manière fractionnée sur la journée, sauf chez le patient sous insulinothérapie basale-bolus où la prise sera unique et gérée comme une collation.

Les antidiabétiques oraux neutres sur l’évolution pondérale seront privilégiés, et l’insuline introduite précocement en cas de déséquilibre glycémique. En cas de perturbation glycémique trop importante ou si l’insuline rapide devient nécessaire, l’avis diabétologique s’impose.

De même, si les objectifs de renutrition ne sont pas atteints, le patient devra être référé au médecin nutritionniste pour la mise en place d’une nutrition entérale ou parentérale. La prise en charge optimale des patients diabétiques dénutris nécessite une formation de l’équipe soignante ainsi qu’une approche pluriprofessionnelle.

(1) Leon-Sanz M. et al. SM J Public Health Epidemiol 2015(1)4:1018


Source : Le Quotidien du Médecin