Conséquences métaboliques des altérations de croissance

Dénutrition périnatale, obésité au tournant

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Publié le 23/02/2024
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Les changements survenus très tôt dans la vie pourraient altérer de manière permanente la fonction physiologique et le métabolisme, et conduire à l’obésité, d’où l’intérêt des interventions précoces.

14 % des grands prématurés seront en surpoids ou en obésité à l’âge de 15 ans

14 % des grands prématurés seront en surpoids ou en obésité à l’âge de 15 ans
Crédit photo : BURGER/PHANIE

Plusieurs cohortes anciennes ont montré que plus le poids de naissance est faible, plus l’IMC est élevé ensuite, entraînant un risque d’obésité, de diabète de type 2 et de coronaropathie. La compréhension de ces mécanismes périnataux de l’obésité est un enjeu majeur de prévention.

En cas de croissance fœtale altérée

Fréquente mais pas inévitable, la croissance anténatale altérée peut être due à une insuffisance placentaire, une hypertension ou un diabète maternel mal équilibré, un tabagisme, une dénutrition sévère. « Lorsque l’environnement intra-utérin est nutritionnellement défavorable, avec une réduction des apports en nutriments et en oxygène, il y a une redirection vers les organes les plus importants, comme le cerveau, au détriment du pancréas et de l’hypothalamus. D’où, à terme, un risque d’insulinorésistance et de développement d’un syndrome métabolique, quand l’environnement sera plus favorable pour le premier, et des troubles des voies de régulation de l’appétit pour le second », a expliqué le Pr Jean-Charles Picaud (pédiatre en néonatalogie, Lyon) lors des Journées francophones de nutrition, en décembre 2023, à Marseille.

L’allaitement a un effet protecteur envers l’obésité chez ces enfants qui est modeste, mais constamment retrouvé, avec une diminution du risque de 4 % par mois d’allaitement supplémentaire jusqu’à l’âge de 9 mois.

Il n’y a pas de fatalité

Pr Jean-Charles Picaud

En cas de prématurité

Fréquente également, la prématurité expose à des troubles qui se mettent en place après la naissance, en rapport avec l’immaturité digestive, des pathologies respiratoires et/ou infectieuses et/ou neurologiques, etc.

Une méta-analyse de 43 études comparant 18 295 adultes nés prématurément à 294 063 adultes nés à terme retrouve un risque accru de syndrome métabolique chez ceux nés prématurés (Markopoulou, 2019). « La prématurité est associée à une augmentation significative de la masse grasse, de la PA systolique et diastolique, de la glycémie à jeun et du cholestérol total. Dans une cohorte d’enfants grands prématurés nés en 1997, avec souvent un déficit de croissance postnatal, une étude menée à Nantes montre que 14 % ont un surpoids ou une obésité à 15 ans (Arch. Dis. Child., 2022) », souligne le Pr Picaud.

Là non plus, il n’y a pas de fatalité : il faudra surveiller la vitesse de croissance et sa qualité (pas de rattrapage rapide), promouvoir l’allaitement maternel ou les préparations avec un contenu protéique bas et éviter la diversification avant 4 mois.


Source : Le Quotidien du Médecin