Plusieurs cohortes anciennes ont montré que plus le poids de naissance est faible, plus l’IMC est élevé ensuite, entraînant un risque d’obésité, de diabète de type 2 et de coronaropathie. La compréhension de ces mécanismes périnataux de l’obésité est un enjeu majeur de prévention.
En cas de croissance fœtale altérée
Fréquente mais pas inévitable, la croissance anténatale altérée peut être due à une insuffisance placentaire, une hypertension ou un diabète maternel mal équilibré, un tabagisme, une dénutrition sévère. « Lorsque l’environnement intra-utérin est nutritionnellement défavorable, avec une réduction des apports en nutriments et en oxygène, il y a une redirection vers les organes les plus importants, comme le cerveau, au détriment du pancréas et de l’hypothalamus. D’où, à terme, un risque d’insulinorésistance et de développement d’un syndrome métabolique, quand l’environnement sera plus favorable pour le premier, et des troubles des voies de régulation de l’appétit pour le second », a expliqué le Pr Jean-Charles Picaud (pédiatre en néonatalogie, Lyon) lors des Journées francophones de nutrition, en décembre 2023, à Marseille.
L’allaitement a un effet protecteur envers l’obésité chez ces enfants qui est modeste, mais constamment retrouvé, avec une diminution du risque de 4 % par mois d’allaitement supplémentaire jusqu’à l’âge de 9 mois.
Il n’y a pas de fatalité
Pr Jean-Charles Picaud
En cas de prématurité
Fréquente également, la prématurité expose à des troubles qui se mettent en place après la naissance, en rapport avec l’immaturité digestive, des pathologies respiratoires et/ou infectieuses et/ou neurologiques, etc.
Une méta-analyse de 43 études comparant 18 295 adultes nés prématurément à 294 063 adultes nés à terme retrouve un risque accru de syndrome métabolique chez ceux nés prématurés (Markopoulou, 2019). « La prématurité est associée à une augmentation significative de la masse grasse, de la PA systolique et diastolique, de la glycémie à jeun et du cholestérol total. Dans une cohorte d’enfants grands prématurés nés en 1997, avec souvent un déficit de croissance postnatal, une étude menée à Nantes montre que 14 % ont un surpoids ou une obésité à 15 ans (Arch. Dis. Child., 2022) », souligne le Pr Picaud.
Là non plus, il n’y a pas de fatalité : il faudra surveiller la vitesse de croissance et sa qualité (pas de rattrapage rapide), promouvoir l’allaitement maternel ou les préparations avec un contenu protéique bas et éviter la diversification avant 4 mois.
Article précédent
Un microbiote contre le cancer
Article suivant
Du yoyo à la sarcopénie
Santé et écologie : le combat est le même
Végétaliser, oui mais comment ?
En psychiatrie, un facteur de poids
Dénutrition : le diabète aussi !
Maladies inflammatoires : les conseils fiables
Un microbiote contre le cancer
Dénutrition périnatale, obésité au tournant
Du yoyo à la sarcopénie
Épigénétique : les pères aussi ?
Les parents repèrent mieux les risques d’hyperphagie
Facteur aggravant pour le pied
Une appli en prévention du DT2 ?
TCA : un rebond post-Covid
Rôle des acides gras
Un acide gras laitier antitumoral
À l’échelle d’obésité
Modulation du métabolisme : un nouveau levier
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?