Des liens indépendants du comportement maternel

Épigénétique : les pères aussi ?

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Publié le 23/02/2024
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Durant la période préconceptionnelle, le régime alimentaire des futurs pères pourrait entraîner des conséquences sur l’enfant à naître.

Le poids de naissance serait directement corrélé au comportement paternel avant même la conception

Le poids de naissance serait directement corrélé au comportement paternel avant même la conception
Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Le comportement alimentaire des pères avant la conception peut-il affecter l’enfant ? L’hypothèse n’est pas si farfelue, comme tendent à le montrer des études chez l’animal. Avec, à la clé, la question de tenir compte des pères dans les programmes de prévention contre l’obésité.

Pour en savoir plus, les pères de la cohorte Elfe (enfants nés en 2011) ont été sollicités pour répondre à un questionnaire de 46 éléments portant sur l’année précédant la conception. « 988 pères ont accepté de répondre », explique Blandine de Lauzon-Guillain (directrice de recherche Inrae), qui a mené l’étude. Six profils de comportement alimentaire ont été identifiés : attiré par les aliments riches en énergie ; par les repas équilibrés ; par l’alcool ; par le grignotage ; par le pain/fromage ; par les produits transformés. Les données (poids, taille, périmètre crânien) de leurs enfants ont été recueillies à partir des carnets de santé.

Grignotage et alcool

Après ajustements, notamment sur l’IMC, le niveau d’études et l’alimentation des mères, certains liens spécifiquement paternels ont été retrouvés :

- Les pères du profil grignotage avaient des nouveau-nés avec un poids de naissance plus élevé, et avec IMC plus élevé entre 2 et 5 ans, mais pas à 7,5 ans. Cette association n’a pas été retrouvée pour les autres profils.

- Les pères du profil alcool avaient des enfants avec un IMC plus élevé à 2 ans, mais pas aux autres âges.

L’alimentation des pères en période préconceptionnelle est donc associée au poids de naissance et à l’IMC de l’enfant, indépendamment de l’alimentation des mères. « Il faudra confirmer ces résultats par d’autres études plus larges et avec un suivi prospectif, pour savoir si l’association se poursuit au-delà de 7,5 ans. Cela pose enfin la question des aspects épigénétiques du sperme », souligne la chercheuse.


Source : Le Quotidien du Médecin