« Après une perte de poids rapide, le rebond pondéral est lié à un rebond de masse grasse, par stockage des lipides. C’est un mécanisme de défense très puissant, crucial pour la survie de l’espèce », a rappelé le Pr Didier Quilliot, spécialiste en dénutrition (CHRU Nancy) lors des JFN.
La perte de poids entraîne en outre une diminution des dépenses énergétiques de repos (DER), qui perdure pendant plusieurs années suivant la reprise de poids. La non-reconstitution de la masse maigre marque le début de la sarcopénie. « Quels que soient les apports en protéines et le niveau calorique lors de la renutrition, le rebond d’adiposité est plus rapide que la récupération de la masse maigre et l’hyperphagie dure tant que celle-ci n’est pas rétablie », insiste le spécialiste. Les yoyos itératifs entraînent donc une augmentation de la masse grasse, une diminution de la masse maigre, et ce processus est accentué en cas d’inflammation. Une étude, chez 207 patients obèses (IMC de 37,9 ± 6) d’âge moyen de 52,6 ans ± 12,4, indique notamment qu’au-delà de cinq cycles de variations pondérales de plus de 3 kg, le risque de sarcopénie augmente de 49 % par rapport à un poids stable ou une seule variation pondérale.
« Les régimes restrictifs sévères sont contre-productifs : plus on enchaîne les cycles pondéraux et plus on a de risques d’augmenter sa masse grasse », prévient le Dr Clément Lahaye (médecine interne, Clermont-Ferrand). Toutefois, lors d’une restriction calorique, l’activité physique aide à prévenir un certain nombre de complications sur les plans de masse musculaire, la force musculaire et la capacité fonctionnelle (notamment les activités de type résistance). « Il est nécessaire d’encadrer les pertes pondérales en préservant les apports protéiques et en augmentant l’activité physique », résume le spécialiste.
Un outil d’IA
La dénutrition hospitalière augmente la durée de séjour, le risque de décès, d’où la nécessité de mieux la dépister. Or, 49 % des patients ne sont pas pesés à l’hôpital. Étant donné que bon nombre d’entre eux ont un scanner abdomino-pelvien, l’équipe de la Dr Cécile Bétry (CHU Grenoble) a développé un Outil de diagnostic de la sarcopénie (Odiasp) reposant sur l’intelligence artificielle, qui calcule un Index de surface musculaire (ISM), à partir d’une coupe en imagerie scanner au niveau de la 3e lombaire (L3). Il faut toutefois indiquer la taille du patient.
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