Fibrose pulmonaire idiopathique

L’association nintedanib-pirfenidone à l’étude

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Publié le 19/10/2017
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FPI

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Crédit photo : Phanie

La fibrose pulmonaire idiopathique (FPI) est la plus grave et la plus fréquente des pneumopathies interstitielles diffuses idiopathiques. Son pronostic est très péjoratif : la moitié des patients décèdent dans les 3 ans suivant le diagnostic. Le nintedanib (inhibiteur des tyrosines kinases) et la pirfenidone (immunosuppresseur) sont deux agents anti-fibrosants qui ciblent des voies physiopathologiques différentes. Comme pour d’autres maladies chroniques, il a été envisagé que leur association pourrait être une stratégie intéressante pour renforcer les effets bénéfiques contre la progression de la maladie.

L’étude INJOURNEY est une étude randomisée en ouvert, évaluant la sécurité d’emploi et la tolérance du nintedanib auquel on ajoute la pirfenidone versus nintedanib seul. Le critère d’évaluation principal était le pourcentage de patients présentant des évènements indésirables gastro-intestinaux sous traitement entre l’inclusion et la semaine 12 du traitement randomisé. Les résultats montrent un profil de tolérance acceptable chez la majorité des patients. La diarrhée, les nausées et les vomissements ont été les évènements indésirables les plus fréquents, en cohérence avec les profils de sécurité d’emploi des deux médicaments, avec une incidence légèrement plus élevée dans le groupe prenant l’association. Aucun nouveau signal n’a été observé et les évènements graves ont été peu fréquents dans les deux groupes. « Des résultats rassurants qui justifient la conduite de futures recherches sur les associations thérapeutiques avec le nintedanib dans la FPI », a souligné le Pr Carlo Vancheri (Catane, Italie).

Les résultats indiquent également qu’il pourrait y avoir un ralentissement plus marqué du déclin de la CVF chez les patients traités par la pirfenidone, en plus d’un traitement de fond par le nintedanib versus nintedanib seul, suggérant un bénéfice potentiel de l’association. Des données qui nécessitent toutefois d’être confirmées.

Le nintedanib à long terme

Une autre étude, INPULSIS-ON (2), apporte des données sur l’utilisation du nintedanib à long terme. Cette étude en ouvert proposait aux patients ayant terminé INPULSIS (52 semaines de traitement), soit de continuer le nintedanib, soit, chez ceux antérieurement sous placebo, d’initier le traitement. 734 patients ont ainsi participé à INPULSIS-ON dont 304 ont débuté le nintedanib. Dans l’analyse effectuée, la durée totale moyenne d’exposition (INPULSIS et INPULSIS-ON) était de 40,7 ± 14,6 mois, avec un maximum de 63,1 mois. Les résultats montrent que le ralentissement du déclin est maintenu et qu’il n’y a pas eu de modification en termes de tolérance par rapport à INPULSIS.

Enfin, le bénéfice potentiel du nintedanib dans d’autres indications fait l’objet de deux autres études : SENSCIS chez les patients atteints de sclérodermie qui ont développé une pneumopathie interstitielle et PF-ILD chez les patients souffrant d’autres pneumopathies interstitielles fibrosantes évolutives.

D’après le symposium Fibrosing Interstitial Lung Diseases (ILD) : knows and unknows et la conférence de presse, organisés par Boehringer Ingelheim.   
(1) Vancheri C et al. Safety and tolerability of nintedanib with add-on pirfenidone in patients with idiopathic pulmonary fibrosis (IFP) ; results from INJOURNEY. Am J Respir Crit Care Med 2017 September 11
(2) Crestani B. et al. Long-term nintedanib treatment in idiopathic pulmonary fibrosis (IPF) new data from INPULSIS-ON. Abstract 3402.

Dr Christine Fallet

Source : Le Quotidien du médecin: 9611