Vers une prévention cardiovasculaire sur-mesure

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Publié le 04/03/2022

Deux nouvelles grilles d’évaluation du risque cardiovasculaire (RCV), adaptées à l’âge, sont proposées par le groupe d’experts de la Société européenne de cardiologie (ESC), qui préconisent une prise en charge personnalisée pas à pas.

Une des nouveautés est l’accent mis sur le non-HDL cholestérol

Une des nouveautés est l’accent mis sur le non-HDL cholestérol
Crédit photo : phanie

Dans la mise à jour de ses recommandations pour la prévention des maladies cardiovasculaires en pratique clinique, l’ESC propose deux nouvelles grilles d’évaluation du RCV : SCORE 2 pour la population de moins de 70 ans et SCORE 2-OP pour les personnes de plus de 70 ans (1).

Deux nouveaux scores d’évaluation

L’élaboration de ces grilles s’est fondée sur les données issues de 45 études menées dans 13 pays européens. Celles-ci ont révélé l’existence d’un gradient de risque, non plus nord-sud comme longtemps admis, mais est-ouest. Il existe donc plusieurs versions de ces échelles de calcul de risque en fonction des zones géographiques, la France faisant partie des pays à faible risque.

Ainsi, l’estimation du RCV à 10 ans, à l’aide de l’échelle de calcul SCORE 2, est recommandée chez les sujets de moins de 70 ans en bonne santé, indemnes de maladie athérosclérotique ou rénale chronique, de diabète de type 2, ainsi que d’anomalies lipidiques, tensionnelles rares ou génétiques. À partir de 70 ans, toujours dans ces conditions de bonne santé apparente, le recours au SCORE 2-OP est recommandé.

Ces grilles d’évaluation du risque ne sont pas adaptées aux personnes ayant une maladie cardiovasculaire athérosclérotique, un diabète de type 2, une maladie rénale modérée à sévère, ainsi que des anomalies lipidiques ou tensionnelles (rares ou génétiques).  

En termes de lipides, l’une des nouveautés est l’accent mis sur le non-HDL cholestérol (HDL-C), c’est-à-dire tous les types de cholestérol autre que le HDL-C. Il est plus représentatif de la part athérogène du cholestérol.

D’autre part, chez les patients insuffisants rénaux dialysés (sans maladie athérosclérotique), l’instauration d’un traitement par statine n’est pas indiquée.

Une approche personnalisée

Une stratégie d’intensification thérapeutique pas à pas afin de prendre en charge de façon intensive les facteurs de risque est préconisée chez les personnes en apparente bonne santé à risque élevé ou très élevé, ainsi que chez les patients ayant une maladie cardiovasculaire athérosclérotique ou un diabète de type 2. Cette stratégie d’intensification doit notamment prendre en compte le RCV, les bénéfices des traitements, les comorbidités et les préférences du patient. La correction des facteurs de risque est ainsi recommandée chez les sujets apparemment en bonne santé à très haut RCV : SCORE 2 ≥ 7,5 % avant l’âge de 50 ans, SCORE 2 ≥ 10 % entre 50 et 69 ans et SCORE 2-OP ≥ 15 % à partir de 70 ans. Nul besoin de mettre en place toutes les mesures en même temps, en particulier en prévention primaire où la correction des facteurs de risque peut se faire pas à pas.

Chez les diabétiques ayant une maladie cardiovasculaire athéromateuse, un traitement par inhibiteur du récepteur au GLP-1 ou par inhibiteur des SGLT2, ayant fait la preuve de ses bénéfices, est recommandé afin de réduire les événements cardiovasculaires ou rénaux.

Les experts préconisent également la mise en place de mesures de lutte contre la pollution au niveau populationnel, telles que la réduction de l’émission de particules en suspension et de gaz polluants, le moindre recours aux énergies fossiles et la limitation des émissions de dioxyde de carbone.

(1) Visseren FLJ et al. European Heart Journal (2021) 42, 3227-3337 doi:10.1093/eurheartj/ehab484
(2) McDonagh TA et al. European Heart Journal (2021) 42, 3599-3726 doi:10.1093/eurheartj/ehab368

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin