L’étude INTERGROWTH-21st Project, menée par l’université d’Oxford avec le financement de la fondation Bill and Melinda Gates et qui a donné lieu à deux publications dans le même numéro du « Lancet », a déterminé pour la première fois des standards internationaux de croissance fœtale et de taille des nouveau-nés.
Un premier papier publié en juillet 2014 dans « The Lancet Diabetes and Endocrinology » montrait que les bébés pèsent le même poids partout dans le monde, pourvu que les mères soient en bonne santé, l’origine ethnique n’ayant qu’une influence mineure sur les variations pondérales des enfants. Le travail INTERGROWTH-21st s’inscrit en complément de l’étude MGRS (Multicentre Growth Reference Study) de l’OMS qui avait élaboré en 2006 les standards, désormais acceptés partout, pour les enfants âgés de 0 à 5 ans.
De méthodologie similaire à MGRS, cette large étude réalisée à partir des données de la Newborn Cross-Sectional Study (NCSS) a mobilisé plus de 300 médecins et chercheurs de 27 institutions de 8 pays (Brésil, Italie, Oman, Royaume-Uni, États-Unis, Chine, Inde, Kenya) pendant 6 ans. Elle met fin à l’hétérogénéité existante de plus d’une centaine de courbes de croissance existantes élaborées localement. Il devient possible d’identifier les bébés en sous ou en surpoids très tôt quel que soit le pays de naissance. Les standards fournissent les chiffres aux 3e, 10e, 50e, 90e et 97e percentiles pour la croissance fœtale et pour celle des nouveau-nés, d’après l’âge gestationnel et le sexe (poids, taille, périmètre crânien).
Un meilleur dépistage de la malnutrition
Sur les près de 60 000 femmes de la NCSS, l’étude INTERGROWTH-21st en a sélectionné 20 486 (35 %), toutes appartenant à un sous-groupe à risque faible de retard de croissance. Les critères d’exclusion étaient un âge ‹ 18 ans et› 35 ans, une taille maternelle ‹ 153 cm, un IMC ≥ 30 ou ‹ 18,5, un tabagisme, un antécédent médical, un bébé ‹ 2,5 kg ou› 4,5, ≥ 2 antécédents de fausses couches. L’âge gestationnel avait été estimé sur une échographie réalisée avant 14 semaines d’aménorrhée (SA) et sur le diamètre bipariétal quand le suivi prénatal avait commencé entre 14 et 24 SA (8,5 % des cas). Le suivi échographique était ensuite effectué toutes les 5 semaines, les mesures anthropométriques prises à 12 heures de vie.
Les chercheurs estiment que près de 13 millions de bébés par an sont actuellement considérés comme « normaux » selon les courbes établies dans des populations sous-nourries. Pour le Pr José Villar, de l’université d’Oxford et auteur principal : « Le fait d’être capable d’identifier des millions de bébés sous-alimentés à la naissance leur offre une chance de recevoir un complément nutritionnel et un traitement ciblé, sans lequel près de 5 % mourront dans leur première année ou développeront des problèmes graves de santé à long terme ». En conséquence de l’obésité maternelle dans les pays développés et émergents, le surpoids à la naissance est aussi un sujet de préoccupation. La macrosomie est un facteur de risque de diabète et d’hypertension artérielle à l’âge adulte.
The Lancet, 4 septembre 2014
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