Sujet de controverses, la réforme des rythmes scolaires a tout de la bonne idée qui a mal tourné. « L’idée de départ est excellente », observe le Dr Hélène De Leersnyder, pédiatre de l’Association française de pédiatrie ambulatoire. « Mais elle est pervertie par l’énorme machine de l’éducation nationale », poursuit-elle. Pour cette spécialiste du sommeil, ce remaniement d’emploi du temps est « une chance » pour les enfants, plus enclins à profiter des apprentissages scolaires. Les nombreux rapports, basés sur des recherches en chronobiologie et chronopsychologie, ont été univoques sur la question : oui, la semaine de 4 jours et demi est préférable pour les apprentissages et la santé de l’enfant. Tout simplement parce qu’un lever régulier à la même heure favorise la synchronisation de l’horloge biologique. En effet, les performances intellectuelles fluctuent le long de la journée. Ce qui justifie l’allégement du programme quotidien, qui demeure réparti entre une activité intellectuelle matinale et une activité périscolaire postprandiale. Seulement voilà, l’intention initiale n’était pas précisément celle-ci. Partant du principe que la vigilance s’élève à nouveau aux alentours de 16 h, « l’idée était de faire des breaks dans la journée et de reprendre en fin d’après-midi », souligne la pédiatre. En effet, des études ont montré que le pic de vigilance se situait après 15 h, d’autres aux alentours de 17 h. Élément qui semble avoir été oublié par les décideurs…
Égalité des chances
Le Dr De Leersnyder n’hésite pas à critiquer « la manière » dont cette réforme a été mise en place, plus que son contenu en tant que tel. Un agacement qui semble au moins égal à l’enthousiasme initialement projeté sur cette réforme. Car les bienfaits espérés dépassent largement ceux de la chronobiologie. L’intégration des activités créatives et sportives, en particulier, est un plus pour les enfants, surtout ceux en difficulté sociale ou scolaire. « Ces activités peuvent les ouvrir à des activités qu’ils ne feraient pas par ailleurs. Et contribuent à l’épanouissement physique et psychique des jeunes qui n’apprennent pas seulement à lire-écrire-compter. » L’intégration de cet espace « périscolaire » permettrait d’une part d’alléger le travail scolaire, et d’autre part de stimuler la curiosité et la créativité de l’enfant en dehors de toute pression scolaire. Un moyen, entre autres, de favoriser la confiance en soi et l’ouverture d’esprit des enfants. Mais aussi d’atténuer les inégalités sociales et psychologiques parfois mises en cause dans les difficultés d’apprentissages. Reste que les inégalités territoriales empêchent d’uniformiser ces pratiques dans toute la France. Laissant ainsi certaines écoles au banc de touche. Qui ne peuvent mettre à profit, pour des raisons financières, mais pas seulement, les potentiels bienfaits de cette réforme. Ce que regrette ouvertement le Dr Hélène De Leersnyder qui ponctue : « Nous sommes en train de faire échouer une réforme qui en valait la peine ».
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