Face à l’inconfort des régurgitations simples du nourrisson, fréquentes avant l’acquisition de la position assise, que proposer ?
« Réassurer, éduquer les parents (attendre le rôt, éviter le tabagisme passif…) et insister sur les mesures hygiéno-diététiques (épaissir le lait artificiel, ne pas suralimenter…). Aucun pro-kinétique n’a démontré d’efficacité. Quant aux inhibiteurs de la pompe à proton, ils sont réservés aux formes compliquées », explique le Dr Marc Bellaiche.
Quelle position conseiller pour le sommeil du nourrisson ?
La position sur le ventre multiple par 15 le risque de mort subite. Elle est proscrite. Le décubitus latéral est instable, donc non indiqué. Reste la position sur le dos. La hantise d’une mort subite après régurgitation suivie de fausse route a conduit à recommander de coucher les bébés qui régurgitent en position dorsale proclive à 30°. La mise à jour 2009 des recommandations européennes n’a pas validé l’intérêt scientifique de ce mode de couchage. Une revue Cochrane de 2009 a analysé 5 études cas-témoins évaluant par monitorage (ph-métrie) l’intérêt de ce type de couchage dans les régurgitations et reflux du nourrisson. Aucune ne démontre d’efficacité.
Face à l’inconfort des bébés, les parents sont angoissés. Certains s’intéressent aux techniques traditionnelles de portage vertical des bébés en Afrique. D’autres se tournent vers les dispositifs de maintien sur le dos, le côté ou en proclive (positionneurs de bébés, cale-bébés, coussins).
En 2012 aux USA, le CDC (Centers for Disease Control and Prevention) a émis une alerte. De 1997 à 2011, des positionneurs de bébés ont provoqué le décès de 13 nourrissons. Les boudins de mousse des cale-bébés censés sécuriser le sommeil de l’enfant en calant ses flancs n’empêchent pas l’enfant de bouger. Des nourrissons se sont étouffés dans les boudins des cale-bébés. En 2014, aussi incroyable que cela puisse paraître, la vente et les publicités pour positionneurs et autres cale-bébés continue...
Accompagner la prescription d’une position de couchage
En mai 2014, le Dr Marc Bellaiche a présenté dans une communication orale au Congrès de la Société Française de Pédiatrie, une enquête – actuellement sous presse – sur les prescriptions de position de couchage dans les régurgitations du nourrisson. Cette étude cas-témoin menée en France auprès de 500 généralistes et pédiatres a inclus 2 693 nourrissons de 3 semaines à 4 mois. Les résultats montrent que les nourrissons qui régurgitent dorment significativement plus souvent que les témoins dans une position dorsale avec surélévation (p‹0,001). Dans la grande majorité des cas, cette position a été adoptée suite à une recherche d’information principalement faite auprès des pédiatres ou sur Internet. Dans cette étude, le taux de nourrissons dormant en situation dorsale proclive augmente de 51 à 69,9 %. Le mode de surélévation de la tête n’est pas encadré. Les parents utilisent des techniques « maison » : serviette sous le matelas ou sous la tête du nourrisson, cale-bébé, cales sous les pieds du lit…
Le Dr Marc Bellaiche rappelle l’importance de « vérifier la façon dont les parents couchent leur enfant et de recommander l’utilisation d’un harnais adéquat si la position proclive est préconisée ».
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